Alors qu’elles s’apprêtaient à débuter les répétitions, ce 7 février prochain à Rome, les équipes des « 10 Commandements – L’envie d’aimer » peuvent souffler un bon coup. Le spectacle porté par Pascal Obispo, notamment, pourra se jouer. Sa première est prévue le 9 mars prochain à Épernay (Marne), avant une tournée de Zénith et une série de dates à la Seine Musicale, à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), du 5 au 27 juin.
Après avoir entendu toutes les parties le 7 décembre dernier, la 3e section de la 3e chambre civile du Tribunal judiciaire de Paris a, ce mercredi 31 janvier, rejeté la menace d’interdiction que faisait planer sur le spectacle l’action en justice intenté par Élie Chouraqui. Initiateur et metteur en scène de la comédie musicale à succès des années 2000 « Les Dix Commandements », l’artiste voyait d’un très mauvais œil la reprise, par Pascal Obispo et ses associés, des chansons du spectacle originel, dont le chanteur a signé la musique, pour construire autour une proposition inédite avec de nouveaux décors, mise en scène, et chorégraphies.
Des dommages et intérêts infligés au plaignant pour dénigrement
Un nouveau spectacle souvent présenté dans la presse comme un retour du premier. Ce qui avait fait bondir Chouraqui, selon qui on ne pouvait désosser une comédie musicale pour n’en prendre qu’une partie, les chansons, d’autant plus sans demander l’autorisation des auteurs de cette œuvre. Il dénonçait pêle-mêle « contrefaçon du droit d’auteur » et « contrefaçon de la marque », « concurrence déloyale » et « parasitisme », alors qu’il voulait lui-même reprendre la comédie musicale en 2025 pour célébrer les 25 ans de sa création.
Il a alors, avec sa société 7 Art qui a exploité le spectacle original, assigné en justice la société Comm, productrice des « 10 Commandements – L’envie d’aimer », ainsi que tous les coauteurs de l’époque, dont Lionel Florence et Patrice Guirao, paroliers des chansons, mais aussi le coproducteur de l’époque, Albert Cohen, qui ont embarqué dans l’aventure de ce nouveau spectacle. Chouraqui demandait l’interdiction du spectacle mais aussi des demandes de dommages et intérêts multiples, plus de 400 000 euros en tout.
Le tribunal parisien l’aura débouté de toutes ses réclamations, le condamnant en revanche à payer 10 000 euros de dommages et intérêts à Comm, pour dénigrement, après s’être montré virulent envers ce spectacle dans les médias cet automne. Élie Chouraqui et sa société 7 Art devront, en outre, payer 35 000 euros au titre de l’article 700 du code de procédure civile à la SAS Comm, Albert Cohen, Pascal Obispo, Lionel Florence et Patrice Guirao.
Chorégraphe du spectacle d’origine, Kamel Ouali, qui s’était associé à l’action, devra payer 5 000 euros à la SAS Comm et Albert Cohen. Chouraqui, 7 Art et Kamel Ouali devront aussi régler les honoraires des avocats adverses.
« On est évidemment soulagés, souffle ce mercredi après-midi Albert Cohen, producteur de ces nouveaux « 10 commandements ». Cette décision est excellente pour nous, mais je n’avais pas grand doute, assure-t-il. J’étais sûr de notre bon droit, on n’engage pas des millions d’euros dans une production sinon. Oui, on est très émus d’être libérés de cette menace, je préfère de loin être à cour et jardin plutôt que devant une cour, ajoute-t-il. On n’est ni des voleurs, ni des escrocs, ni des détourneurs de propriété intellectuelle et le tribunal vient de le confirmer ».
« Je suis consterné par ce que je découvre et lis, réagit de son côté Me Charles Morel, avocat d’Élie Chouraqui. La raison principale pour laquelle nous avons agi ne donne pas lieu à une réponse du tribunal, c’est-à-dire de savoir si oui ou non on a le droit d’utiliser une partie d’une œuvre de collaboration sans demander l’autorisation aux autres coauteurs de cette œuvre ». Joint dans la soirée, le réalisateur et metteur en scène Élie Chouraqui ne désarme pas, estimant cette décision de justice « ahurissante ».
« C’est sidérant, dans un pays qui défend le droit d’auteur, vous avez un jugement qui spolie un auteur, c’est terrible, s’insurge-t-il. C’est ça qui me choque. À un moment je m’étais dit je vais laisser tomber, mais non, c’est de mon devoir de défendre les auteurs, le droit d’auteur est bafoué. Et oui, je vais faire appel », assène-t-il encore, ajoutant son intention de « remonter en 2026 le vrai spectacle des Dix commandements ».