10,8 millions d’électeurs portugais étaient appelés aux urnes dimanche pour choisir entre la continuité et l’alternance politique. Avec 29 à 33 % des voix obtenues, l’Alliance démocratique (AD), parti de centre droit, était en passe de remporter ces élections législatives portugaises, selon les premiers sondages diffusés par les médias dimanche soir. Les résultats officiels sont attendus plus tard dans la soirée.
L’AD devance pour le moment le Parti socialiste (PS), au pouvoir depuis huit ans, qui obtient 25 % à 29 % des voix. Troisième force politique depuis les élections de 2022, que le PS avait remportées avec une majorité absolue, le parti d’extrême droite Chega (Assez) dirigé par André Ventura réalise une percée impressionnante, avec 14 % à 17 % des suffrages (contre 7,2 % aux dernières élections).
À trois mois des européennes, ces élections au Portugal pourraient confirmer que la droite radicale a le vent en poupe à travers le Vieux Continent, comme l’ont montré les électeurs italiens ou néerlandais.
Le pays ibérique était un des rares en Europe à être dirigé par la gauche lorsque le Premier ministre sortant Antonio Costa, 62 ans, a démissionné début novembre en renonçant à briguer un nouveau mandat après avoir été cité dans une enquête pour trafic d’influence.
Pas d’alliance entre la droite et l’extrême droite
« Je suis très tranquille et très optimiste », avait déclaré après avoir voté, dans l’après-midi, le leader de l’AD Luis Montenegro, 51 ans. Longtemps député puis chef de groupe parlementaire, le quinquagénaire a d’ores et déjà exclu de former un gouvernement avec le soutien de l’extrême droite.
Pedro Nuno Santos, un ancien ministre issu de l’aile gauche du PS, avait de son côté appelé les Portugais à « voter en masse » pour que le pays continue à « avancer ».
Malgré l’assainissement des finances publiques, une croissance supérieure à la moyenne européenne et un chômage au plus bas, le bilan du gouvernement socialiste est terni par l’inflationles dysfonctionnements des services de santé et des écoles, ainsi que par une importante crise du logement.
À cela s’est ajoutée une série de scandales de corruptionqui a fini par faire tomber Antonio Costa, et un doublement de la population immigrée en l’espace de cinq ans, deux thèmes porteurs pour l’extrême droite.
L’extrême droite en embuscade
Le populiste André Ventura a lui fait campagne en accusant les deux grands partis du centre, qui se partagent le pouvoir depuis l’avènement de la démocratie, d’être « les deux faces d’une même pièce qu’il faut combattre ».
Ce professeur de droit et ancien commentateur de football, connu pour ses attaques xénophobes contre la minorité tsigane, a lui aussi voté en fin de matinée dans une école de la capitale. « Avec tous les changements sociaux, démographiques et économiques, les Portugais sentent qu’ils doivent voter et qu’ils ont un mot à dire sur les choix politiques », a-t-il affirmé.
Le Portugal célébrera le mois prochain le 50e anniversaire de la Révolution des Œillets, qui a mis fin à une dictature fasciste presque aussi longue.