Les tensions raciales dans la ville côtière tunisienne de Sfax ont dégénéré en violence ciblant les migrants d’Afrique subsaharienne, dont des dizaines ont été expulsés de force de la ville, ont déclaré des témoins mercredi.
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Au milieu des troubles mardi soir, la police en a arrêté certains et les a expulsés jusqu’à la frontière libyenne à plus de 300 kilomètres (plus de 200 miles), selon un groupe local de défense des droits.
Les derniers troubles ont commencé après les funérailles d’un Tunisien de 41 ans qui a été poignardé à mort lundi lors d’une altercation avec migrantsqui a conduit à l’arrestation de trois suspects camerounais.
« Nous allons venger sa mort ! des jeunes ont chanté lors des funérailles de la victime, selon des séquences vidéo publiées en ligne.
Sfax, la deuxième plus grande ville du pays d’Afrique du Nord, est un point de départ pour de nombreux migrants qui espèrent rejoindre un membre de l’UE Italie par mer, généralement l’île de Lampedusa à environ 130 kilomètres (80 milles).
Des centaines d’habitants se sont massés dans les rues mardi soir pour réclamer l’expulsion de tous les migrants clandestins, a constaté un correspondant de l’AFP. Certains ont bloqué des rues et incendié des pneus.
Des vidéos partagées sur les réseaux sociaux montraient des policiers chassant des dizaines de migrants de chez eux sous les acclamations des habitants de la ville, avant de les charger dans des voitures de police.
Sur la page Facebook de l’organisation non gouvernementale Sayeb Trottoir, le médecin Lazhar Neji, travaillant aux urgences d’un hôpital, a déploré “une nuit inhumaine… sanglante qui fait trembler”.
Il a déclaré que l’hôpital avait reçu entre 30 et 40 migrants blessés, dont des femmes et des enfants, et a déclaré que “certains ont été jetés depuis des terrasses, d’autres attaqués à l’épée”.
D’autres images montraient des migrants allongés au sol, les mains sur la tête, entourés d’habitants armés de bâtons qui attendaient l’arrivée de la police pour les remettre.
La police a emmené des migrants sur le site de la Foire internationale de Sfax, d’où ils devaient être transférés ailleurs, a indiqué Romdane Ben Amor, responsable du groupe non gouvernemental Forum pour les droits économiques et sociaux.
Il a indiqué à l’AFP que certains migrants ont été emmenés dans une zone proche de la frontière libyenne, sans pouvoir donner de chiffres précis.
La Tunisie a connu une augmentation des attaques à caractère raciste suite aux commentaires du président Kais Saied en février accusant des “hordes” de migrants illégaux d’apporter la violence et alléguant un “complot criminel” pour changer la composition démographique du pays.
Avec une population de 12 millions d’habitants, la Tunisie accueille environ 21 000 migrants d’autres régions d’Afrique, ce qui représente 0,2 % de la population.
(AFP)