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Des coups de feu soutenus ont été entendus samedi à Khartoum, la capitale soudanaise, dans un contexte de tensions croissantes entre l’armée et les puissants paramilitaires des Forces de soutien rapide (RSF) du pays. Un porte-parole de l’armée soudanaise a déclaré que le groupe paramilitaire avait attaqué des camps militaires dans la capitale tandis que les RSF accusaient l’armée d’entrer dans leurs camps au sud de Khartoum.
Les coups de feu ont pu être entendus dans un certain nombre de zones de Soudanla capitale, y compris le centre de Khartoum et le quartier de Bahri. Des coups de feu ont également pu être entendus depuis la zone du palais présidentiel et de la fumée a pu être vue s’élever de l’aéroport, selon des témoins.
#Soudan 🇸🇩 : habitants de #Khartoum Je me suis réveillé ce matin au son de coups de feu et de panaches de fumée s’élevant dans les airs alors que des affrontements semblent avoir éclaté dans la capitale.
Ces affrontements armés font suite à des semaines de tensions croissantes entre les factions militaires des SAF et des RSF. pic.twitter.com/QXQXRsGnzi
– Thomas van Linge (@ThomasVLinge) 15 avril 2023
Les tensions entre l’armée et les paramilitaires des RSF se sont intensifiées ces derniers mois, obligeant à retarder la signature d’un accord soutenu par la communauté internationale avec les partis politiques pour relancer la transition démocratique du pays.
L’armée soudanaise a accusé les RSF d’avoir attaqué ses bases à Khartoum.
“Des combattants des Forces de soutien rapide ont attaqué plusieurs camps militaires à Khartoum et ailleurs au Soudan”, a déclaré à l’AFP le porte-parole de l’armée, le général de brigade Nabil Abdallah.
“Les affrontements se poursuivent et l’armée s’acquitte de son devoir de protéger le pays”, a-t-il déclaré.
RSF revendique le contrôle de l’aéroport et du palais présidentiel
Dans une série de déclarations, les paramilitaires des RSF ont accusé l’armée du pays d’avoir attaqué ses forces dans l’une de ses bases au sud de Khartoum et ont affirmé qu’ils s’étaient emparés du principal aéroport de la capitale et “contrôlaient complètement” le palais républicain de Khartoum, siège de la présidence du pays.
Le groupe paramilitaire a également déclaré avoir saisi un aéroport et une base aérienne dans la ville septentrionale de Marawi, à environ 350 kilomètres (215 miles) au nord-ouest de Khartoum.
Dans un séparé déclaration publiée plus tôt samedi sur Twitter, les RSF ont déclaré que l’armée “avait lancé une attaque radicale avec toutes sortes d’armes lourdes et légères”.
Les RSF ont également affirmé avoir pris le contrôle de l’aéroport de Khartoum. Il a déclaré que ses combattants “ont pu prendre le contrôle de l’aéroport de Merowe” au nord de Khartoum, “ont expulsé les assaillants des bases de Soba” et “ont pris le contrôle de l’aéroport de Khartoum”.
Transition difficile
Les avions commerciaux essayant d’atterrir dans la capitale ont commencé à faire demi-tour pour retourner à leur aéroport d’origine. Les vols en provenance d’Arabie saoudite ont fait demi-tour après avoir failli atterrir à l’aéroport international de Khartoum, ont révélé samedi les données de suivi des vols.
Les tensions entre l’armée et les paramilitaires découlent d’un désaccord sur la façon dont les RSF, dirigées par Mohammed Hamdan Dagalo, mieux connu au Soudan sous le nom de Hemedti, devrait être intégré dans l’armée et quelle autorité devrait superviser le processus. La fusion est une condition clé de l’accord de transition non signé du Soudan.
Cependant, la rivalité armée-RSF remonte au régime du président autocratique Omar al-Bashir, qui a été évincé en 2019. Sous l’ancien président, la force paramilitaire est née d’anciennes milices connues sous le nom de Janjaweed qui ont mené une répression brutale en région soudanaise du Darfour pendant les décennies de conflit.
Dans un rare discours télévisé jeudi, un haut général de l’armée a mis en garde contre des affrontements potentiels avec un groupe paramilitaire, l’accusant de déployer des forces à Khartoum et dans d’autres régions du Soudan sans le consentement de l’armée. Les RSF ont défendu la présence de leurs forces dans un communiqué antérieur.
Les RSF ont récemment déployé des troupes près de la ville de Merowe, dans le nord du Soudan. De plus, des vidéos circulant sur les réseaux sociaux jeudi montrent ce qui semble être des véhicules armés de la RSF transportés à Khartoum, plus au sud.
Dans le communiqué de samedi, les RSF ont déclaré avoir été contactées par trois anciens chefs rebelles, qui occupent des postes au gouvernement, dans le but apparent de désamorcer le conflit.
Le Soudan est plongé dans la tourmente depuis octobre 2021, lorsque les aspirations des Soudanais à un régime démocratique après trois décennies d’autocratie et de répression sous el-Béchir ont été anéanties.
(FRANCE 24 avec AFP, AP et Reuters)