La cour d’appel de Paris a alourdi les peines infligées à deux internautes, rejugés pour avoir participé au cyberharcèlement de la jeune Mila après sa vidéo polémique sur l’islam, en les condamnant mardi à deux ans et un an d’emprisonnement avec sursis. Il y a trois ans, la jeune fille, alors mineure, avait été la cible d’une première série de centaines de messages haineux sur les réseaux sociaux, la contraignant à quitter son établissement scolaire et à vivre sous protection policière.
Deux des prévenus condamnés en juillet 2021 par le tribunal correctionnel de Paris pour ce « lynchage 2.0 »à l’issue d’une des toutes premières audiences consacrées à la nouvelle infraction de cyberharcèlement, avaient fait appel. Le plus jeune d’entre eux, âgé de 20 ans, a écopé mardi en appel de deux ans d’emprisonnement assortis d’un sursis probatoire de deux ans, comportant notamment l’obligation d’indemniser les parties civiles et d’accomplir un stage de citoyenneté.
La cour l’a reconnu coupable de harcèlement aggravé et de menaces de mort, un cumul de qualifications qui n’avait pas été retenu en première instance. Il était poursuivi pour avoir écrit à Mila à l’automne 2020 « Dit moi t’habite où j’vais te faire une Samuel Paty (sic) », du nom du professeur décapité pour avoir montré à ses élèves des caricatures de Mahomet.
« Menacer de mort est un délit grave »
L’autre internaute, 31 ans, a été condamné à un an d’emprisonnement assorti d’un sursis probatoire pendant deux ans, comportant les mêmes obligations que son coprévenu. Les peines sont plus lourdes qu’en première instance : ils avaient alors respectivement écopé de six et quatre mois d’emprisonnement avec sursis.
La cour d’appel les a par ailleurs condamnés à verser solidairement 10 000 euros à Mila en réparation de son préjudice moral. « Ce que j’ai ressenti à l’audience, c’est que ces deux prévenus n’avaient rien compris de la gravité de ce qui leur était reproché et n’avaient aucun regret. Manifestement la cour a eu le même ressenti puisqu’elle a quadruplé et triplé leurs peines », a déclaré l’avocat de Mila, Me Richard Malka. « C’est un arrêt qui contribuera, je l’espère, à faire prendre conscience que menacer de mort est un délit grave », a-t-il ajouté.
Le raid numérique avait commencé en janvier 2020 quand Mila, alors âgée de 16 ans et demi, avait répondu à des injures sur les réseaux sociaux sur son orientation sexuelle par le biais d’une vidéo véhémente sur l’islam. Elle s’était attiré une nouvelle salve de menaces après la publication d’une seconde vidéo polémique, le 14 novembre 2020 : « Qu’elle crève », « tu mérites de te faire égorger »avaient notamment écrit les internautes.