La vigilance rouge aux crues reste en vigueur ce mardi dans l’Yonne et la Saône-et-Loireselon les prévisions de Météo France. Ces deux départements de Bourgogne font face à une brusque montée des eaux qui, par endroits, atteignent des niveaux exceptionnels, forçant les autorités à multiplier les appels à la prudence.
Quant à la Côte d’Or, elle est repassée en vigilance orange pour les mêmes risques. Trois autres départements figurent aussi dans la liste, contre sept en début de journée : la Gironde, l’Aube et la Nièvre. L’Indre-et-Loire, marquée par de fortes inondations ces derniers jours, est basculée en vigilance jaune, tout comme la Charente, la Charente-Maritime et la Dordogne.
La rivière Armançon, qui traverse la Côte d’Or et l’Yonne, ainsi que la rivière Arroux en Saône-et-Loire, présentent toujours des risques de « crue majeure », entraînant le maintien des deux derniers départements en vigilance rouge, signale le service de surveillance des cours d’eau Vigicrues.
« Sur le secteur du Morvan, les précipitations ces derniers jours ont provoqué des crues importantes. La décrue s’amorce sur les secteurs les plus en amont. Les ondes de crue vont se propager sur les secteurs plus à l’aval dans les prochaines heures », détaille-t-il dans son dernier bulletin.
Évacuations et transports affectés
L’Armançon a commencé à déborder lundi, entraînant des évacuations, des coupures de routes et faisant craindre de nombreux dégâts matériels dans la Côte d’Or et l’Yonne. Dans ce dernier département, « il y a eu une centaine d’interventions de la part des sapeurs-pompiers (…) et une petite centaine de gens ont été mis à l’abri » en cette fin de week-end pascal, a indiqué le préfet Franck Robine sur France Bleu Bourgogne.
À Montbard, une commune de 5 000 habitants, certaines rues ont disparu sous les flots. L’eau y est montée jusqu’à 4,09 m, un niveau inégalé depuis les 3,87 m enregistrés en mai 2013, avant d’entamer une décrue, selon Vigicrues. L’onde de la crue se déplace vers l’aval de la rivière Armançon, soit vers l’Yonne, où des « débordements exceptionnels » sont attendus notamment « dans la journée » à Tronchoy, un bourg d’environ 120 habitants, d’après le service de surveillance.
Vers Auxerre, le bassin de la rivière Serein est en vigilance orange, avec une onde de crue qui devrait atteindre la commune de Chablis, célèbre pour son vin, « en fin de journée mardi », a fait savoir la préfecture de l’Yonne. Les transports scolaires seront affectés, en étant soit suspendus, soit déviés. Près de 300 foyers sont déjà concernés par des coupures d’électricité préventives, qui pourraient être étendues en fonction de l’évolution de la situation, selon la préfecture.
Si la décrue de l’Armançon est entamée en Côte-d’Or, « permettant une amélioration de la situation sur Semur-en-Auxois, Venarey-les-Laumes et Montbard ainsi que toutes les communes environnantes », le département n’est pas tiré d’affaire, a indiqué la préfecture dans un communiqué. Pour cause, les eaux continuent de monter dans le secteur de la rivière Ouche, un affluent de la Saône qui borde Dijon. « Le service de prévision des crues prévoit des niveaux pouvant atteindre 3 à 3,2 m à la station de Plombières-lès-Dijon jusqu’au début de la nuit de mardi à mercredi », ont indiqué les autorités, qui ont mis en place une cellule de crise face aux risques de « débordements et dommages sur l’ensemble du tronçon ».
Une quarantaine de communes touchées en Saône-et-Loire
Quant à l’Arroux, qui traverse la Saône-et-Loire, « le niveau continuera de monter plus à l’aval, provoquant des débordements importants », signale Vigicrues. « Le niveau à Rigny-sur-Arroux devrait se stabiliser dans l’après-midi ou la soirée. »
Au total, 36 communes du département sont concernées par le risque de fortes crues, a indiqué mardi matin la préfecture, soulignant que celles de Toulon-sur-Arroux, Vendenesse-sur-Arroux et Gueugnon sont les plus touchées. « À Étang-sur-Arroux, le pic de la crue a atteint la côte de 4,15 m à 23 heures (soit 35 cm de plus que le 11 mars dernier) », avant qu’une « lente baisse » ne s’amorce, soulignent les autorités. Depuis lundi, « les sapeurs-pompiers du département ont réalisé 224 interventions donnant lieu à la mise en sécurité de 64 personnes, relogées dans leur famille ou par leur commune », ont-elles précisé. Ce mardi, 52 pompiers sont toujours prêts à intervenir.
Vigicrues appelle aussi à la prudence sur les rives de l’Aron (dans la Nièvre), la Seine amont (en Côte d’Or et dans l’Aube), et la Brenne (en Côte d’Or à nouveau), des cours d’eau tous en vigilance orange.
En Indre-et-Loire, l’heure est à « l’évaluation des dégâts »
« Sur le Centre-Ouest du pays la situation s’améliore progressivement », relève Vigicrues. Des « débordements importants » sont toujours à signaler sur la Vienne tourangelle, en Indre-et-Loire, mais la rivière a été basculée en vigilance orange et non plus rouge. « La décrue concerne toutes les stations sur ce tronçon », note le site, qui relève aussi une amorce de décrue sur la Charente amont et des débordements qui restent « localisés » au niveau d’Angoulême. La crue reste importante sur l’Isle aval (Dordogne et Gironde) et la Dronne aval (les deux mêmes départements ainsi que la Charente et la Charente-Maritime), avec un pic atteint ou près de l’être sur les stations les plus en aval.
L’Indre-et-Loire, en vigilance rouge dès samediest repassée en orange lundi après-midi. Dans l’ensemble du département, 562 personnes ont été évacuées ce week-end. Toutes ont été appelées à rentrer chez elles. « Il reste désormais à évaluer les dégâts », a indiqué le sous-préfet Guillaume Saint-Cricq, lors d’une conférence de presse.
VIDÉO. Crues dans l’Indre-et-Loire : « On est à la fin de l’épisode » mais pas « à la fin de la crise »
« On a été surpris par l’intensité du phénomène. On ne s’y attendait pas. (…) C’est arrivé très vite », a-t-il reconnu, saluant « la forte résilience des habitants » qui « ont l’habitude de vivre avec le fleuve et les rivières. Outre les humains, « on a évacué des animaux, des taureaux, des chevaux et des vaches, un parc animalier », a indiqué le sous-préfet. Les autorités ont par ailleurs précisé lundi en fin de journée que 90 % des routes étaient rouvertes à la circulation à l’est du territoire, mais que 12 routes départementales restaient encore fermées.
En Haute-Vienne, les recherches d’un kayakiste porté disparu depuis samedi après-midi devraient reprendre mardi matin, après des recherches « infructueuses ». « Les rives de la Vienne ont été de nouveau explorées aujourd’hui d’Aixe-sur-Vienne à la frontière des départements de la Haute-Vienne et de la Charente », a annoncé lundi la préfecture. Plusieurs témoins avaient aperçu l’homme « en difficulté » sur la Vienne en crue à Aixe-sur-Vienne, à dix kilomètres à l’ouest de Limoges.
Du côté de la Vienne, la préfecture a signalé un « retour à la normale sur l’ensemble du département », après que les crues ont touché 300 habitations et 30 commerces, nécessitant l’évacuation et le relogement de 150 personnes.
D’autres départements restent en vigilance orange, dont le Gard, où la préfecture a annoncé la fermeture à la circulation de 17 ponts submersibles et passages à guet, ainsi que de nombreux ponts submersibles communaux. Mais au global, « sur le sud-est, la tendance est à la décrue sur tous les cours d’eau placés en vigilance », note Vigicrues.
Mi-mars, huit personnes ont péri dans les intempéries liées à la tempête Monica qui avaient frappé le sud-est de la France.
