Ils veulent reprendre le flambeau aux vieux groupes nationalistes. Une nouvelle bande clandestine baptisée « Ghjuventu Clandestina Corsa » (Jeunesse clandestine corse) a annoncé sa création ce mardi soir dans un communiqué transmis au quotidien Corse-Matin.
Se présentant comme « le bras armé d’un mouvement révolutionnaire », ce groupe dont la signature, « GCC », est associée à une vingtaine d’incendies criminels survenus ces derniers mois dans l’île méditerranéenne, assure marcher « sur les traces du FLNC » (Front de libération nationale corse).
Selon le GCC ce mouvement clandestin armé pour l’indépendance de la Corse, « semble se détacher de la lutte ». « Alors c’est à nous, la jeunesse corse, de la reprendre afin de faire front à l’État français et à son mépris », peut-on lire dans ce communiqué de trois pages.
Le parquet national antiterroriste (Pnat) prend l’affaire très au sérieux et avait annoncé plus tôt dans la journée se saisir de « l’ensemble du dossier GCC », soit 14 affaires de dégradation par incendie ouvertes ces derniers mois, dans lesquelles est apparu le tag « GCC ».
La dernière en date est l’enquête sur un immeuble en construction de 25 appartements qui a été visé par un incendie criminel samedi soir à Pietrosella (Corse-du-Sud) et où des inscriptions appelant à la lutte armée nationaliste ont été retrouvées.
Depuis le mois de juin, le sigle GCC, qui est dans un premier temps resté mystérieux, a été découvert sur une dizaine de villas ou d’engins incendiés en Corse.
Le groupe revendique 17 actions contre des résidences secondaires, des immeubles en construction, des entreprises du bâtiment et des établissements touristiques depuis l’apparition de ce sigle, le 4 août 2022sur la façade d’une villa de Bastelicaccia (Corse du Sud) visée par un incendie criminel.
L’île connaît depuis un an une multiplication d’incendies criminels visant principalement des résidences secondaires de personnes ne résidant pas sur l’île, avec souvent la présence de tags, mais sans revendication officielle. Des campings, des restaurants de plage, des entreprises du bâtiment et des engins de chantier ont également été endommagés par des incendies volontaires.
Cours de corse et « statut de résident »
Parmi ses revendications, le GCC demande « immédiatement et sans condition » la « libération de Charles Pieri », figure nationaliste corse de 72 ans suspectée d’avoir dirigé le FLNC.
Ce dernier a été mis en examen le 9 décembre à Parisnotamment pour association de malfaiteurs terroriste et écroué dans le cadre d’une information judiciaire portant sur la menace de retour à la lutte armée du FLNC.
« Jeunesse clandestine corse » réclame également « le rapprochement des prisonniers politiques », l’instauration d’un « statut de résident » après « cinq ans d’habitation permanente » dans l’île, ainsi que « la vérité sur l’assassinat d’Yvan Colonna », militant nationaliste qui purgeait une peine à perpétuité pour son rôle dans l’assassinat du préfet de Corse Claude Erignac quand il a été agressé mortellement en mars 2022 à la prison d’Arles (Bouches-du-Rhône). Il exige aussi des cours de corse « obligatoire ».
L’annonce de ce nouveau groupe clandestin intervient au lendemain de la venue en Corse du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin pour commémorer le 25e anniversaire de l’assassinat du préfet Erignac et « tendre la main » aux Corses pour « écrire une nouvelle page » pour l’île.