La Cour d’assises spéciale du Nord a condamné ce vendredi à des peines de 10 à 20 ans de réclusion criminelle six membres d’un réseau qui réceptionnait des chargements de cocaïne venus d’Amérique latine sur les docks du Havre.
Ils avaient été interpellés en 2017 après une saisie record d’1,3 tonne de coke en plusieurs foissur le port du Havre. Les enquêteurs les soupçonnaient d’extraire la drogue des narcos sud-américain des conteneurs pour la fournir aux gros trafiquants de Marseille ou de région parisienne.
À l’issue de dix jours de procès, tous les six – dont un était absent à l’audience – ont été reconnus coupables d’association de malfaiteurs dans le cadre de ces opérations, menées avec l’aide de dockers corrompus.
Dione Mendy, désigné par l’avocat général comme le « principal employeur et commanditaire », qui organisait les sorties du port des stupéfiants a été condamné à 20 ans de réclusion. La même peine a été prononcée à l’encontre de Louis Bellahcène, surnommé « le roi du port » et considéré comme l’intermédiaire entre l’intérieur et l’extérieur du port. Tous deux, qui comparaissaient libres, ont été écroués.
Au sein de l’équipe qui organisait les sorties, Mohamed Mellal a été condamné à la peine la plus lourde, également 20 ans, tout comme l’absent, Aziz Sallami, trafiquant concurrent mais ponctuellement allié au groupe. Les deux autres membres, Youssef Boukhari Sardi et Karim Djemel, ont été condamnés respectivement à 10 et 13 ans de réclusion.
Mis sur écoute
Commencée en janvier 2017, l’enquête avait permis, grâce notamment à l’installation de micros au domicile de Mohamed Mellal, d’entendre certains suspects détailler leurs activités et projets. Plusieurs avocats de la défense ont pointé du doigt une enquête lacunaire, et le caractère partiel des écoutes constituant le socle du dossier.
Au cours du procès, Dione Mendy et Louis Bellahcène ont campé sur leur déni de toute implication dans le trafic. Les trois autres accusés présents ont, en revanche, reconnu leur participation mais demandé que leur juste place dans ce trafic leur soit restituée.
Le parquet avait requis jeudi de 13 à 25 ans de réclusion criminelle, des peines jugées « disproportionnées » par les avocats de la défense.
Dans ce dossier, des « petites mains », parmi lesquelles des dockers, ont déjà été condamnées en correctionnelle et d’autres relaxées.