Le caïd est sous les verrous. Christopher Aouni, 37 ans, figure supposée du narcobanditisme marseillais, a été condamné à 30 ans de réclusion criminelle samedi, avec une période de sûreté de 20 ans, pour l’assassinat d’un homme qui s’opposait à l’implantation d’un point de deal dans sa cité marseillaise.
Saci Labidi, 30 ans, avait été tué de deux tirs de Kalachnikov à bout portant le 24 mars 2018, alors qu’il jouait aux cartes dans le local associatif de la cité Consolatdans les quartiers populaires du nord de Marseille, gangrenés par les trafics de stupéfiants. Selon l’avocat général, la victime, un carrossier très impliqué dans la vie sociale du quartier, se serait opposée à l’implantation d’un second point de vente de stupéfiants à Consolat. Et il aurait même chassé des dealers.
L’accusé contestait être l’auteur de cette exécution, mais l’enquête a établi qu’un téléphone crypté avait été utilisé par les auteurs, téléphone dont le trajet a ensuite été géolocalisé jusqu’au lieu de l’incendie du véhicule du commando, à Vitrolles, quelques minutes après les faits. Or, pour l’accusation, Christopher Aouni était bien le détenteur de ce téléphone, qui avait déclenché dans les heures précédant le meurtre les mêmes cellules relais que son véhicule équipé d’un boîtier télématique. « On le suit à la trace », avait insisté l’avocat général.
La piste de la bande de Marignane
Durant les débats, Christopher Aouni a martelé que ce téléphone était en possession d’un de ses amis, Hichem Menadjlia, qui l’aurait lui même reçu des mains d’un trafiquant surnommé « Zébu ». Dans une démarche « jamais vue » selon les policiers, le premier s’était présenté dans les jours suivant l’interpellation de Christopher Aouni, pour revendiquer la propriété du PGP.
Depuis, Hichem et « Zébu » ont eux aussi été tués, dans ce qui apparaît être une guerre intestine au sein de la bande dite « de Marignane », une des principales équipes du narcobanditisme local, selon la police judiciaire. En dépit de multiples témoignages et de son implication dans d’autres dossiers avec des membres de ce clan, Christopher Aouni nie en avoir fait partie.
Ses avocats avaient plaidé l’acquittement, dénonçant « un dossier vide » et contestant le travail de téléphonie. Selon eux, les enquêteurs auraient trop hâtivement écarté la piste de la bande de Marignane, en guerre contre l’accusé