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Chemsex : qu’est-ce que cette pratique sexuelle mise en lumière par l’affaire Palmade ?

by Jamesbcn
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Si, lors de son grave accident vendredi dernier, Pierre Palmade se trouvait positif à la cocaïne, rien ne permet toutefois de dire qu’il venait de s’adonner à une séance de chemsexcette pratique qui consiste à ingérer des drogues chimiques pour prolonger et intensifier le plaisir sexuel.

L’humoriste, impliqué dans un accident de la circulation en Seine-et-Marne qui a causé la mort d’un enfant à naître et gravement blessé un autre, a pourtant été cité dans une affaire de chemsex le 2 février dernier au tribunal judiciaire de Paris. Selon une information du Figaroen 2021, un dealeur est interpellé avec plusieurs clients. Parmi eux, un escort-boy qui possède la carte bancaire de Pierre Palmade. Ce dernier est alors convoqué par la police et reconnaît avoir confié son moyen de paiement au jeune homme pour qu’il achète de la drogue et des sex-toys. L’affaire en reste là. Pierre Palmade, qui avait déjà été condamné pour détention de droguen’est pas poursuivi.

La justice se penche maintenant sur cette affaire de 2021, et le comédien est désormais visé par deux enquêtes : l’une pour « infraction à la législation sur les stupéfiants » et l’autre pour « homicide et blessures involontaires » liée à l’accident de vendredi dernier. Pierre Palmade devra probablement s’expliquer face aux enquêteurs sur sa consommation de drogue, son addiction, les jours et heures précédant l’accident et son éventuelle pratique du chemsex.

De quoi s’agit-il ?

Le chemsex consiste à prendre du plaisir, sous l’empire de drogues de synthèse, avec une ou plusieurs personnes, du même sexe ou pas, rencontrées sur une application de rencontre quelques heures auparavant ou que l’on connaissait déjà. Les produits ingérés permettent alors d’intensifier l’excitation, d’augmenter les performances des hommes, de favoriser le contact et d’accroître les sensations.

Dans un long dossier que Le Parisien consacrait l’hiver dernier au sujet, Sébastien, un ancien « chemsexeur » de 37 ans, nous confiait : « Il y a un besoin de se désinhiber pour certains qui n’acceptent pas toujours leur homosexualité. Pour d’autres, c’est la recherche de performance, ou la déconnexion avec un réel parfois pesant, ou pour expérimenter des pratiques plus extrêmes ».

Sur les applis de rencontre, les usagers du chemsex se reconnaissent avec des émoticônes spécifiques, des mots codés ou à double sens.

Qui le pratique ?

Le phénomène naît dans les années 2000 dans la communauté homosexuelle, d’abord à Londres (Royaume-Uni). Selon le Journal du sidac’est l’activiste et militant gay David Stuart, responsable du service addictologie d’une clinique londonienne, qui a développé l’accompagnement des usagers et baptisé la pratique chemsex, contraction de « chems » (produits chimiques) et “six”.

La pratique se répand par la suite dans les communautés gays des grandes villes européennes, puis de plus en plus dans les milieux hétérosexuels, urbains ou non. « On a vu apparaître le chemsex à Paris il y a un peu plus d’une dizaine d’années dans le milieu gay. C’était marginal au départ. Et cette pratique concernait surtout les hommes séropositifs, parfois à cause de l’impact du virus sur leur vie sexuelle », nous confiait Thibaut Jedrzejewski, médecin généraliste au 190, le centre de santé sexuelle installé à Paris.

« En France, tous modes de consommation confondus, le chemsex pourrait concerner 1 à 2 hommes gays sur 10, et le phénomène a explosé depuis l’ère Covid », écrit le magazine Néon dans un article qui évoque une « épidémie qui vient ».

Selon le rapport Sexe de la mer et chimieadressé au ministère de la Santé en 2022 par un collège de psychiatres et d’addictologues, « environ 20 % des HSH », c’est-à-dire « Hommes ayant des relations sexuelles avec des Hommes » sont concernés par le phénomène. Soit 100 000 à 200 000 personnes en France. Un nombre encore sous-évalué, ajoutent les auteurs de l’étude.

« Les usagers sont la plupart du temps des hommes entre 30 et 60 ans, insérés socialement et issus d’un bon environnement socio-économique. La 3-MMC se diffuse aisément lors des rendez-vous entre partenaires, par le biais des sites de rencontres spécialisés », relève le Service d’information, de renseignement et d’analyse stratégique sur la criminalité organisée, de la DCPJ, dans un document que nous avons consulté.

Dans un courrier adressé en août 2021, un officier de liaison LGBT de la préfecture de police de Paris alerte sa hiérarchie : « Ce phénomène du chemsex prend une telle ampleur qu’il s’étend désormais à la population hétérosexuelle, notamment auprès des jeunes. »

Quelles sont les drogues consommées ?

Le chemsex n’est pas associé à une drogue spécifique. La liste des produits qui procurent l’extase sexuelle est longue. Mais les plus connus sont le MDMA, le 3-MMC, le 4-MMC et le GBL ou GHB, aussi appelé drogue du violeur parce qu’il fait perdre la mémoire et annihile la volonté.

Un échange entre un dealeur /organisateur d’une soirée chemsex et son client. DR

Quels sont les risques ?

Il y a d’abord l’overdose. En 2021, près d’un tiers des overdoses mortelles dans la capitale et dans la petite couronne, soit 9 décès, était liées aux drogues de synthèseces produits psychoactifs créés chimiquement. Sur ces 9 overdoses, 7 faisaient suite à une absorption de 3-MMC, le nouveau produit qui fait fureur au point de supplanter les drogues de synthèse « historiques » comme l’amphétamine, la méthamphétamine ou Journées MDMA.

Pourr les experts de l’Ofast (Office antistupéfiants)« l’enjeu majeur lié aux drogues de synthèse réside dans la méconnaissance du consommateur à la fois dans le dosage et dans la nature du produit. Elles se consomment principalement dans un contexte festif, ce qui provoque des phénomènes d’intoxication de groupe chez les jeunes populations qui se fournissent sur Internet ».

VIDEO. Accident de Pierre Palmade : « Les seules victimes, ce sont mes clients », dit l’avocat de la famille

Dans son courrier adressé à la préfecture de police de Paris, l’officier de liaison LGBT souligne qu’outre le risque de dépendance, de contamination aux maladies sexuellement transmissibles et de décès, le chemsex « induit également de multiples viols, agressions sexuelles ou violences ».

Le policier cite notamment des victimes qui n’ont pas souhaité porter plainte, « redoutant d’éventuelles poursuites ou de ne pas être entendues en raison de cet usage », soulignant notamment « l’impunité » des auteurs qui pourraient considérer ces drogues « comme un moyen complémentaire pour commettre des crimes ou délits ».

Pour se faire aider, l’association SIDA propose une hot-line d’urgence dédiée au chemsex. Les militants y sont joignables 24 heures/24, y compris sur WhatsApp au 07.62.93.22.29.

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