Deux vacanciers ont été tués mardi soir par des garde-côtes algériensun autre est incarcéré en Algérie et un quatrième a pu s’échapper. Voici ce que l’on sait de la sortie en mer de ces quatre hommes qui s’étaient égarés en jet-skis dans une zone maritime algérienne à la frontière avec le Maroc mardi.
Ce qu’il s’est passé
Quatre jeunes gens, dont deux Franco-Marocains et un Marocain, se trouvaient chacun sur un jet-ski. Bilal Kissi et Abdelali Mechouer, dont un flou subsiste sur leurs nationalités, ont été tués mardi soir par des tirs des garde-côtes algériens dans l’espace maritime appartenant à l’Algérie, après être partis en mer depuis la ville côtière marocaine de Saïdia, une station balnéaire très prisée l’été et connue pour sa longue plage et ses activités nautiques.
Un troisième homme, également franco-marocain, Smaïl Snabé, a été arrêté par les garde-côtes algériens et présenté mercredi devant un procureur algérien, précise Le360.
Interrogé par un journaliste du média marocain pour savoir si les garde-côtes savaient qu’ils avaient affaire à des civils, Mohamed Kissi n’a pas hésité : « Oui, ils ont bien vu qu’on était désarmés, mon petit frère a échangé avec eux et pourtant ils ont tiré. »
Le témoignage du quatrième homme
« Nous nous sommes perdus mais on a continué jusqu’à ce que nous nous retrouvions en Algérie. Nous avons su que nous étions en Algérie car un zodiac noir algérien est venu vers nous, il a commencé à zigzaguer comme s’ils voulaient nous renverser », a témoigné Mohamed Kissi, le frère aîné de Bilal, auprès du site marocain Al Omk.
Mohamed Kissi dit avoir réussi à s’enfuir à bord de son jet-ski, avant que l’embarcation ne tombe en panne. Alors qu’il tentait de le tracter à la nage, le jeune est repéré par une patrouille de la gendarmerie marocaine, partie à la recherche des vacanciers portés disparus. Secouru, il a pu rentrer à Saïdia sain et sauf.
« Ils (les occupants du zodiac) ont tiré sur nous. Dieu merci, je n’ai pas été touché mais mon frère et mon ami, ils les ont tués. Ils ont arrêté mon autre ami », a-t-il ajouté. « Nous nous sommes perdus et nous étions en panne d’essence », a-t-il souligné.
Interrogé jeudi par la presse locale, le porte-parole du gouvernement marocain, Mustapha Baïtas, n’a fait aucun commentaire, se bornant à répondre qu’il s’agit « d’une affaire qui relève de la compétence du pouvoir judiciaire ».
La France confirme ce vendredi la mort d’un Français et « l’incarcération d’un autre compatriote en Algérie dans un incident impliquant plusieurs de nos ressortissants ». Le ministère français des Affaires étrangères évoque le décès d’un seul ressortissant et n’a pas précisé les circonstances de sa mort. On ignore donc à ce stade si ce ressortissant est Bilal Kissi ou Abdelali Mechouer. « Le centre de crise et de soutien du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères et nos ambassades au Maroc et en Algérie sont en contact étroit avec les familles de nos concitoyens, à qui nous apportons tout notre soutien », précise-t-il dans un communiqué.
La bataille pour les dépouilles des victimes
Bilal Kissi, 29 ans, père de deux fillettes en bas âge, l’une d’elles est âgée de moins de sept mois, a été enterré jeudi à Bni Drar au Maroc. Des membres de la famille de la deuxième victime, Abdelali Mechouer, appellent depuis l’Algérie à rendre le corps de leur proche, rapporte Le 360. Les autorités marocaines ont également été sollicitées sur le sujet.
Tandis que les proches du troisième homme, le Franco-Marocain placé en détention en Algérie, réclament sa libération. « Il n’a rien fait de mal. Il a fait du Jet ! », dénonce l’une des personnes présentes aux funérailles de Bilal Kissi.
Les tensions entre Rabat et Alger exacerbées ?
Ni le Maroc, ni l’Algérie n’ont encore publiquement réagi au drame, mais il est susceptible de raviver les vives frictions régionales entre l’Algérie et le Maroc, exacerbées par leur antagonisme sur le territoire disputé du Sahara occidental.
Leurs frontières sont fermées depuis 1994 et l’Algérie a rompu ses liens diplomatiques avec le Maroc en août 2021, accusant Rabat d’ « actes hostiles », une décision « complètement injustifiée ». La récente reconnaissance par Israël de la « souveraineté marocaine » sur le territoire disputé du Sahara occidental a encore avivé les tensions avec Alger qui a dénoncé des « manœuvres étrangères » à ses portes.
