Une nouvelle nuit sous haute tension, pour la deuxième fois consécutive. Des violences urbaines ont éclaté vendredi soir à Rillieux-la-Pape, près de Lyon, avec des bus incendiés et des tirs de projectiles sur les forces de l’ordre. Jeudi soir, des incidents similaires avaient déjà secoué la ville.
Les incidents ont débuté vers 21 heures, quand « une vingtaine d’individus » ont caillassé deux bus de la société des Transports en commun lyonnais (TCL) avant d’y mettre le feu. Les forces de l’ordre arrivées pour intervenir ont essuyé des tirs de projectiles et un policier a été légèrement blessé au visage, a précisé la préfecture. La situation a été « figée » vers 23 heures.
La préfète déléguée pour la défense et la sécurité Juliette Bossart-Trignat s’est rendue sur place avec le maire de la commune Alexandre Vincendet (Horizons). Le « calme est revenu » ce samedi matin, et les équipes municipales sont déployées pour « nettoyer le quartier », a précisé l’édile sur BFMTV.
Deux bus incendiés, des habitants temporairement évacués
Dans un communiqué publié ce samedi matin sur sa page Facebook, la municipalité est revenue sur le cours de la soirée. Selon elle, « un groupe d’une vingtaine d’individus cagoulés et vêtus de noir ont stoppé deux bus TCL » sur l’avenue du général Leclerc. À proximité, « des silos à verre et des poubelles ont aussi été volontairement rassemblés sur la voirie pour retarder l’intervention des forces de l’ordre et des pompiers ».
Les suspects ont fait descendre les conducteurs et les passagers des deux bus (un dans l’un, 20 dans l’autre), avant de déverser de l’essence et incendier les véhicules, a appris Le Parisien de source policière. Cinq barricades ont aussi été improvisées avec des poubelles et des détritus enflammés.
Selon la municipalité, les deux bus ont pris feu vers 20h55. Sur des images vidéo publiées sur les réseaux sociaux, on pouvait voir les carcasses de deux bus en proie aux flammes, sur une voie leur étant réservée, dégageant une importante fumée noire.
Les forces de l’ordre sont arrivées sur place vers 21h10, quelques minutes avant qu’un bus enflammé ne « se déplace inopinément » vers un immeuble d’habitation, s’arrêtant tout près, à 3 m, entraînant l’évacuation des habitants. Les incendies ont été éteints deux heures plus tard, vers 22h30. Les résidents ont pu retrouver leur logement une heure après.
Sur son site Internet et X (ex-Twitter), le réseau des TCL a quant à lui signalé un « incident majeur » avec un arrêt du trafic sur la ligne 33 de ses bus à Rillieux-la-Pape, en raison d’un « acte de malveillance ». La circulation sur cette ligne ne sera rétablie que dimanche.
Un policier blessé, les individus impliqués recherchés
Les policiers arrivés en premier ont été visés par des jets de pierre et de bouteille, qui ont touché au visage l’un d’eux, le blessant légèrement, selon la source policière. La situation est finalement repassée sous contrôle après l’arrivée de renforts. Les épaves des bus ont été retirées ce samedi matin. Les forces de l’ordre ont été « violemment prises à partie », a dénoncé samedi matin la préfète déléguée pour la défense et la sécurité Juliette Bossart-Trignat.
Quant aux individus impliqués, « des moyens d’investigation sont mis en place pour les retrouver, pour qu’ils assument leurs actes devant la justice », a-t-elle précisé.
Peu avant les violences de la soirée, sur la même avenue, des policiers étaient intervenus pour faire cesser un « barbecue sauvage » organisé par une vingtaine de jeunes gens. Quelques voitures et poubelles ont là aussi été incendiées, et la police a utilisé des gaz lacrymogènes. Une personne été interpellée.
Les autorités en « colère » face à des violences que « rien ne justifie »
Dans un communiqué, la municipalité a dénoncé des « agissements (…) inacceptables ». « Ils privent les habitants de transport en commun, ils détruisent gratuitement et dégradent les conditions de vie du quartier. Ils prennent l’ensemble des Rilliards en otage », a-t-elle accusé.
« Je suis très en colère, rien ne justifie ces violences. (…) Ce ne sont pas des jeunes mais des voyous, des délinquants », a fustigé lors d’une conférence de presse samedi matin Alexandre Vincendet, dénonçant des « exactions inacceptables ». « Ce sont des personnes qui auraient pu amener la ville à connaître un drame. Il y a eu un immeuble d’habitation qui aurait pu être mis à feu », a-t-il insisté sur BFMTV.
« Nous partageons la colère et le choc (des habitants) face à cet évènement inacceptable », a abondé Juliette Bossart-Trignat ce samedi matin. Sur X, la préfète de la région Auvergne-Rhône-Alpes Rhône-Alpes, Fabienne Buccio, avait condamné hier soir « fermement les violences criminelles » et apporté « son soutien au policier blessé, aux agents (des TCL) et aux habitants ».
« Des renforts CRS sont déployés dès ce soir à Rillieux et seront mobilisés ce week-end aux côtés des effectifs de la Police nationale et de la police municipale », est-il ajouté, promettant que « l’État agira avec fermeté ». « Ce soir encore un dispositif important sera mis en place : des CRS, des CDI (Compagnies Départementales d’Intervention), les BAC, la brigade canine seront déployées », a détaillé sur BFMTV ce samedi Juliette Bossart-Trignat.
Un lien possible avec l’interpellation de quatre mineurs jeudi soir
Jeudi soir, des incidents similaires avaient déjà eu lieu à Rillieux-la-Pape. Des jeunes gens cagoulés avaient incendié plusieurs voitures et des poubelles, selon la préfecture. Dans un communiqué partagé sur Facebook, la municipalité a précisé que quatre mineurs de 13 à 17 ans avaient été interpellés suite à ces violences. Sur BFMTV, le maire a indiqué que parmi ces interpellations se trouvaient des personnes « très défavorablement connues des services de police, notamment pour trafic de stupéfiants », et affirmé que leur garde à vue avait été prolongée.
Pour Alexandre Vincendet, les violences de vendredi soir pourraient « éventuellement (présenter) un lien avec les interpellations » de la veille, a-t-il avancé lors de la conférence de presse. « Les investigations préciseront » si ce lien est avéré, a ajouté Juliette Bossart-Trignat sur BFMTV.
La municipalité avait indiqué que les violences de jeudi soir avaient éclaté lors d’une fête d’Halloween organisée par la mairie, que « des individus ont voulu transformer (…) en soirée de violence », « avec comme seule motivation le fait de s’amuser ». « Au-delà des procédures judiciaires qui seront engagées à leur encontre (…) il va de soi que ces délinquants, tous mineurs, et leurs parents, s’exposent à la suspension des aides facultatives de la municipalité et du centre communal d’action sociale », avait-elle ajouté.
« Vous ne pouvez pas bénéficier de la solidarité nationale si vous pourrissez la vie de tout un quartier », a insisté sur BFMTV Alexandre Vincendet, évoquant même la possibilité de rompre le bail de certains habitants mis en cause et qui vivraient en logement social. Il a précisé qu’il allait « convoquer les parents » des quatre mineurs interpellés dès la semaine prochaine.