Le bras de fer se durcit encore un peu plus en Bolivie entre l’ancien président Evo Morales et son successeur et ancien allié Luis Arcé. Au moins 200 militaires sont retenus en otage samedi par des partisans de l’ex-chef d’État après l’assaut de trois casernes dans le cadre des manifestations antigouvernementales qui ont débuté il y a vingt jours, a indiqué le ministère des Affaires étrangères.
Ainsi vendredi, « trois unités militaires ont été attaquées par des groupes irréguliers dans la zone de Chapare, dans le département de Cochabamba », a déclaré le ministère. Ils se sont également « emparés d’armes de guerre et de munitions », a ajouté le ministère. Dans un premier temps, il a été officiellement fait état de l’occupation de la caserne d’un régiment par des manifestants vendredi à Cochabamba. Dans la même région, le gouvernement bolivien a envoyé l’armée pour aider la police à dégager les routes bloquées.
Une lutte pour la présidentielle de 2025
Forcé de quitter le pouvoir en 2019 après quatorze années de règne, Evo Morales, premier président amérindien a annoncé vendredi entamer une grève de la faim pour exiger un dialogue avec le gouvernement du président Luis Arce. « Je vais entamer une grève de la faim jusqu’à ce que le gouvernement installe (…) des comités de discussion » politique et économique, a-t-il dit à la presse depuis la région de Chapare.
Son ancien allié, Luis Arce est arrivé au pouvoir en novembre 2020. Les deux hommes se disputent désormais le contrôle de la gauche et l’investiture pour la présidentielle de 2025, à laquelle Evo Morales, 65 ans, veut prétendre malgré une décision de justice le disqualifiant.
Il est visé par une enquête pour le viol présumé d’une adolescente de quinze ans alors qu’il était à la tête du pays. Lui nie les faits, tandis que ses avocats affirment que l’affaire a déjà été examinée et classée en 2020.
Tentative d’assassinat
Dimanche dernier, l’ancien président avait affirmé avoir été visé par une quinzaine de coups de feu, tirés sur son véhicule et qui ont blessé son chauffeur.
De son côté, le gouvernement en place a accusé l’ancien président d’avoir « mis en scène » cette attaque. « M. Morales, personne ne croit à votre mise en scène, mais vous allez devoir répondre devant la justice bolivienne du crime de tentative de meurtre » contre un membre des forces armées, avait déclaré le ministre de l’Intérieur, Eduardo del Castillo.