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Biodiversité : les animaux sont de moins en moins nombreux et on ne le voit pas

by Jamesbcn
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« La nature encaisse les coups, jusqu’à un certain point », prévient Yann Laurens directeur des programmes au WWF France. L’ONG au panda publie ce jeudi son « indice planète vivante », faramineux inventaire qui s’appuie sur 35 000 populations de 5 495 espèces de mammifères, oiseaux, poissons, reptiles et amphibiens est patiemment constitué avec les experts du WWF et de la société zoologique de Londres. Il montre qu’entre 1970 et 2024 les populations ont diminué de 73 %.

« Ça ne veut pas dire que sept espèces sur dix ont disparu, mais qu’au sein des populations suivies, le nombre d’individus s’amoindrit », décrypte le spécialiste. Une espèce qui s’éteint c’est le « clap de fin de ce que nous racontons ici », précise-t-il.

Les conclusions de cette somme réactualisée tous les deux ans étaient prévisibles : le déclin grandeur nature continue et poursuit la tendance des derniers rapports. La baisse était de 69 % dans le rapport de 2022 (période de 1970 à 2018), de 68 % en 2020 et de 60 % dans celui de 2018. Mais attention ! « Pour l’heure la gravité de la situation ne se voit pas toujours et c’est bien le drame. Il faut prendre garde à ne pas dépasser les points de bascule ».

Et de citer la forêt amazonienne grignotée, année après annéepar la déforestation. Ce trésor abrite plus de 10 % de la biodiversité terrestre, et – c’est moins connu – 10 % des espèces de poissons répertoriées.

Un écosystème qui pourrait changer de manière irréversible

« À ce jour, cette masse gigantesque d’arbres génère sa propre pluie, indique Yann Laurens. Plusieurs études suggèrent que cet écosystème pourrait changer de manière irréversible si 20 à 25 % de la forêt amazonienne étaient détruits. Moins d’arbres signifie moins de transpiration, ce qui signifie moins de précipitations, réduisant la disponibilité de l’eau ailleurs dans la forêt et entraînant la mort d’un plus grand nombre d’arbres. Ce phénomène réduit encore la transpiration, et ainsi de suite. »

Petit hic, environ 14 à 17 % de la zone forestière originelle ont déjà disparu. Une nouvelle vie pourrait s’instaurer dans un décor qui serait moins tropical et plus proche de la savane mais, derrière, le bassin de La Plata où sont installés Rio de Janeiro, São Paulo et Buenos Aires, 50 millions d’habitants, risquerait de recevoir moins d’eau du ciel.

Dans le détail, par milieu, l’état des populations des espèces d’eau douce est le plus alarmant, avec une baisse de 85 % à l’échelle mondiale de 1970 à 2024. En terme géographique, c’est en Amérique latine que les populations d’espèces sauvages connaissent le déclin régional le plus effarant (-95 % ).

« C’est surtout parce que notre thermomètre commence en 1970, relativise Yann Laurens. Dans les pays d’Amérique du Sud ou d’Afrique, les dégâts sont en cours. En Europe à cette date, le plus gros de la destruction avait déjà eu lieu ». La France n’est pas épargnée, 17 % des espèces recensées sont menacées. 200 ont déjà disparu.

« Quand on veut, on peut agir »

Il est encore temps de sauver la nature « Quand on veut, on peut agir », martèle Véronique Andrieux, la présidente du WWF France qui s’inquiète de voir au niveau français ou européen d’importants reculs et renoncement sur ces questions. « Par exemple sur la politique de zéro artificialisation nette discutée par le Premier ministre français, ou de lutte contre la déforestation importée votée au Parlement européen qui devait s’appliquer au 30 décembre qui a été reportée d’un an ».

Le rapport Planète vivante de 93 pages cite aussi de belles histoires de restaurations : quand action il y a, ou simplement que l’on laisse la nature en paix, cette dernière se régénère. Ainsi les efforts consacrés au bison d’Europe ont abouti à remettre ce gros ruminant dans le paysage de dix pays où passé de zéro en 1950 à 6 800 en 2020. Après l’extinction de l’espèce à l’état sauvage en 1927, son élevage à grande échelle, la réintroduction et le déplacement d’individus ont permis son retour.

Elle appelle la communauté internationale à prendre des engagements à la veille de la COP biodiversité qui va s’ouvrir en Colombie le 21 octobre. « Les solutions on les connaît : protéger davantage, mieux, et restaurer. Plus globalement, il faut passer à des systèmes alimentaires plus durables », insiste la patronne du WWF France.

Par exemple, quand on veut mettre des produits de la mer dans son assiette, l’ONG propose de d’abord regarder les huîtres, moules et coquilles Saint-Jacques, des espèces d’élevage situées au bas de la chaîne alimentaire aquatique. L’avantage ? La production est rapide. Mollo a contrario sur le bar du Chili, le flétan de l’Atlantique, le thon rouge ou espadon, ces poissons à longue durée de vie et à croissance lente.

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