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Bangladesh : ce que l’on sait des manifestations massives en cours, qui ont poussé la Première ministre à la démission

by Jamesbcn
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Après quatre semaines d’affrontement avec le pouvoir, la situation semble devenir hors de contrôle au Bangladesh. Des centaines de milliers de manifestants antigouvernementaux défient ce lundi le couvre-feu et les forces de sécurité en défilant dans les rues de la capitale, Dacca, au lendemain d’une journée sanglante marquée par près d’une centaine de morts à travers le pays. Selon la télévision bangladaise, ils ont pris d’assaut le Palais de la Première ministre, qui a fini par démissionner, selon le chef de l’armée, qui a quant à lui annoncé dans la foulée former un « gouvernement intérimaire ».

Dans ce pays musulman de 170 millions d’habitants, la mobilisation a été lancée début juillet par des étudiants qui contestaient, sur fond de chômage aigu des diplômés, les faveurs dont bénéficient les proches du pouvoir pour devenir fonctionnaires. Mais au fil des semaines, elle a tourné plus largement à la contestation virulente du régime en place, qui tente coûte que coûte de l’éteindre. Au moins 300 personnes ont été tuées depuis le début des manifestations, selon un bilan de l’AFP à partir de données de la police, de responsable et de sources hospitalières.

La « manifestation finale » gagne une capitale sous haute tension

La pression monte encore d’un cran ce lundi, avec un appel à se mobiliser en masse à Dacca. « Le temps est venu de la manifestation finale », a annoncé dimanche Asif Mahmud, un des leaders du mouvement étudiant à l’origine de la contestation.

Un vaste dispositif de sécurité a été déployé dans la ville, où les rues conduisant au bureau de la Première ministre ont été barricadées par la police et l’armée avec du fil barbelé. Mais d’après des témoins, de larges foules marchent déjà dans les rues de Dacca et ont abattu des barrages. Le quotidien Business Standard estime que quelque 400 000 protestataires défilent ce lundi, un nombre que l’AFP n’a pas été en mesure de vérifier.

La situation a commencé à s’envenimer lorsque des milliers de manifestants antigouvernementaux ont pris d’assaut le palais de la Première ministre Sheikh Hasina, selon des images télévisées diffusées par la chaîne bangladaise Channel 24, sur lesquelles on voit une foule de personnes en train de rentrer dans la résidence et de saluer la caméra.

Une source a indiqué à l’AFP que la dirigeante avait fui aux côtés de sa sœur pour un « lieu plus sûr ». « Elle voulait enregistrer un discours. Mais elle n’a pas pu avoir l’occasion de le faire », a ajouté cette source, sous couvert d’anonymat.

Un « gouvernement intérimaire » va se former

La cheffe du gouvernement, âgée de 76 ans et au pouvoir depuis 2009, réélue en janvier après un scrutin sans véritable oppositiona fini par fuir par hélicoptère, a-t-elle poursuivi. « Son équipe de sécurité lui a demandé de partir, elle n’a pas eu le temps de se préparer », a indiqué cette même source, ajoutant qu’elle était d’abord partie au sein d’un cortège de véhicules, puis « évacuée en hélicoptère ».

Au même moment, le chef de l’armée du Bangladesh, le général Waker-Uz-Zaman, annonçait que Sheikh Hasina avait démissionné et qu’il allait « former un gouvernement intérimaire », lors d’une adresse à la nation diffusée par la télévision d’État. Samedi, il avait assuré dans un communiqué que les militaires se tiendraient « toujours aux côtés du peuple ».

De son côté, le fils de la désormais ex-Première ministre a exhorté les forces de sécurité à faire barrage à « tout gouvernement non élu » et à « assurer la sécurité de notre peuple et de notre pays ».

Vidéo163 morts, plus de 500 arrestations : le Bangladesh plongé dans la violence

Jusqu’alors, le régime tentait tant que possible de contenir la contestation : un couvre-feu est entré en vigueur dimanche soir, tandis que les 3 500 usines du pays ont été fermées. Les écoles et universités affichaient aussi portes closes, et l’armée a été déployée pour tenter de rétablir l’ordre. La connexion à l’internet mobile, déjà coupée ces dernières semaines, a de nouveau été strictement limitée, d’après des fournisseurs et des organismes de surveillance. Les autorités ont aussi procédé à des milliers d’arrestations depuis le début des manifestations.

Mais la pression avait encore grimpé sur le gouvernement lorsque d’anciens officiers militaires ont apporté leur soutien aux contestataires. Dans une prise de position hautement symbolique contre la Première ministre, un ancien chef de l’armée, le général Ikbal Karim Bhuiyan, et plusieurs autres ex-officiers supérieurs ont appelé au retrait des troupes de la rue, en soulignant que les manifestants n’avaient « plus peur de sacrifier leur vie ».

Dans plusieurs cas, des soldats et des policiers ne sont d’ailleurs pas intervenus contre les protestataires, contrairement au mois dernier. « Ceux qui sont responsables d’avoir poussé les habitants de ce pays dans un état de misère aussi extrême devront être traduits en justice », a aussi estimé Ikbal Karim Bhuiyan.

Dimanche, la journée la plus sanglante depuis le début de la crise

Ce regain de tension ce lundi succède à une journée de dimanche déjà marquée par des épisodes de violence inédits. De nouveaux heurts entre opposants à la Première ministre, forces de l’ordre et partisans du parti au pouvoir ont fait au moins 94 morts dans tout le pays, le bilan le plus lourd en une seule journée depuis le début des manifestations.

Parmi les morts figurent au moins 14 policiers, selon le porte-parole de la police, Kamrul Ahsan. Les camps rivaux se sont affrontés à coups de bâton et de couteau et les forces de l’ordre ont tiré à balles réelles. Un commissariat à Enayetpour, dans le nord-est du pays, a été pris d’assaut et 11 policiers tués, selon les forces de l’ordre.

Du côté de la capitale, des milliers de Bangladais s’étaient rassemblés sur une place pour exiger la démission de la cheffe du gouvernement. Rapidement, tout Dacca s’est transformé « en champ de bataille » et une foule de plusieurs milliers de manifestants a mis le feu à des voitures et des motos près d’un hôpital, selon une autre source policière. Des coups de feu et détonations répétées ont aussi été entendus après la tombée de la nuit alors que des manifestants bravaient le couvre-feu.

L’ONU s’inquiète

Ces affrontements, qui comptent parmi les plus meurtriers depuis l’arrivée au pouvoir de Sheikh Hasina, ont suscité les craintes des Nations Unies. « La violence choquante au Bangladesh doit cesser », a exhorté dimanche soir son Haut-commissaire aux droits de l’homme, inquiet pour la journée de lundi alors « que le mouvement de jeunesse du parti au pouvoir se mobilise contre les protestataires ».

Depuis fin juillet, le gouvernement bangladais essuie plus largement la réprobation internationale venant de l’Union européenne et des ONG, qui condamnent l’usage excessif de la force contre les manifestants.

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