À La Celle-Saint-Cloud, tout le monde en convient : il s’agit d’un « incident grave impardonnable », de l’aveu du maire, Olivier Delaporte. Mais l’élu (LR) était loin d’imaginer les « torrents d’insultes » qui allaient s’ensuivre. En cause, l’émotion générale suscitée après qu’un bébé de 12 mois a été oublié et laissé seul pendant deux heuresle 17 juin dernier à la crèche des Étangs. Une émotion légitime, mais qui a tourné à la vendetta numérique.
Les parents, eux, ont eu la peur de leur vie en trouvant porte close ce soir-là. C’est finalement en mairie que la situation se débloquera et que l’enfant les retrouvera, perturbé mais en bonne santé. La mère partage sa douloureuse expérience sur TikTok et la machine s’emballe. La vidéo cumule plus de 600 000 vues sur le réseau social, entraînant près de 3 000 commentaires indignés. À ce stade, l’émotion et la compréhension priment, certains évoquent même des cas de négligence similaires dans d’autres établissements.
Dans les heures et les jours qui suivent, c’est l’escalade. Une trentaine d’avis sur Google descendent la crèche collective municipale à coups de commentaires virulents pour abaisser sa note, avant d’être en partie effacés par le modérateur du géant américain. Suivent les appels téléphoniques, dans la petite structure comme en mairie. « Il a fallu s’y mettre à plusieurs pour trier les coups de fil… » illustre le maire.
« Pour les assistantes maternelles, c’est violent »
« Nous avons bien conscience que ce qu’il s’est passé est très grave et nous avons pris des dispositions pour que cela ne se reproduise surtout pas, souligne Olivier Delaporte. J’ai effectivement eu des réactions de parents de La Celle-Saint-Cloud mais elles étaient généralement sereines et responsables. Mais là, ce qu’il se passe sur Internet, ça nous échappe. Ça ne légitime pas ce qu’il s’est passé, mais ce n’est pas la peine de se déchaîner contre le personnel. »
L’élu rappelle qu’il y a eu des réunions autour de l’incident, pour renforcer les protocoles « et aller de l’avant ». Ces rencontres ont aussi permis de constater des équipes « extrêmement démontées » par ce qu’il s’est passé et par les commentaires par centaine. Au total, une dizaine de personnes travaillent pour cet établissement, certaines âgées de 20-22 ans. « Elles donnent le meilleur d’elles-mêmes toute l’année. Pour les assistantes maternelles, c’est violent », ajoute le maire, qui insiste sur le fait qu’une crèche est une structure fragile. « Nous nous devons d’accompagner le personnel pour le stabiliser. »
De leur côté, les parents, qui ont déposé plainte pour négligence, ont annoncé sur Facebook leur détermination. « Ni la crèche, ni la PMI, ni la mairie n’a pris l’initiative de nous contacter pour voir l’état de santé de l’enfant » dans les jours suivant l’incident, reprochent-ils. Estimant qu’« aucun parent ne mérite cette ignorance, le mépris et le traumatisme ».