Olivier Janson se voulait « exhaustif ». « J’ai été long », a reconnu jeudi le procureur de la République de Mont-de-Marsan (Landes), col ouvert et barbe fournie, à l’issue de la conférence de presse organisée dans l’affaire Kendji Girac. Il s’est exprimé pendant près d’une heure et quart, au total, consacrant encore quinze minutes aux questions des journalistes.
Une durée inhabituelle pour cet exercice, justifiée par le retentissement médiatique considérable d’une affaire entourée de mystère. Pour « éviter la propagation de rumeurs » et « permettre de rétablir la vérité », Olivier Janson est ainsi longuement revenu sur la chronologie des événements ayant conduit à la blessure par balle du chanteur – dont les jours ne sont plus en danger.
« Un procureur multicasquettes »
Consommation de cocaïne, addiction à l’alcool, tensions dans le couple, dépression… Le procureur de Mont-de-Marsan a aussi multiplié les révélations chocs sur l’intimité de Kendji Girac. Des déclarations « sans nécessité au regard de l’enquête en cours », qu’ont aussitôt « regrettées » dans un communiqué les managers de l’artiste« un homme discret et réservé par nature ». Ami de Kendji Girac, Vianney a aussi brocardé dans un message sur X (ex-Twitter) « un procureur multicasquettes ». « J’espère que la presse people lui enverra des fleurs », a ajouté le chanteur.
Olivier Janson s’était jusqu’ici rarement retrouvé sous les lumières médiatiques. Diplômé de Sciences-po et de l’École nationale de la magistrature (ENM), il a débuté comme juge d’instruction dans le Pas-de-Calais en 1998. Juge des enfants à Mont-de-Marsan, puis vice-procureur de Bayonne pendant une dizaine d’années, il était revenu à la préfecture des Landes en 2017, où il est en charge d’un territoire « essentiellement rural, assez peu criminogène », avait-il expliqué au journal des Annonces Landaises en mai 2023.
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Parmi les près de 13 000 procédures reçues chaque année par les cinq magistrats du parquet, Olivier Janson a toutefois eu à traiter quelques affaires marquantes. En 2019, il s’était notamment trouvé à la tête de l’enquête sur le meurtre et le viol d’une jeune femme de 24 ans, Johanna Blanes. Identifié grâce à son ADN, un réfugié syrien avait été reconnu coupable des faits et été condamné à 30 ans de prison en 2022.
Prises de position
Le procureur s’est aussi illustré par ses prises de position au sein de l’Union syndicale des magistrats (USM), dont il a été membre du bureau jusqu’en 2018, précise au Parisien l’actuel président de l’organisation, Ludovic Friat. Alors vice-procureur de Bayonne, Olivier Janson y avait notamment plaidé la cause des parquets, dénonçant les difficultés financières auxquelles ils font face. « C’est un peu partout la même chose : nous manquons de personnel, nous manquons d’assistants, nous manquons de budget », avait-il résumé en 2016 au micro d’Europe 1.
L’affaire Kendji Girac devrait être l’une des dernières du magistrat à Mont-de-Marsan, où il est en poste depuis sept ans. Olivier Janson est en effet appelé à la cour d’appel de Toulouse pour y prendre les fonctions d’avocat général, ont révélé en mars nos confrères de Sud-Ouest.