Quelques jours après la publication dans le Figaro d’une tribune polémique en soutien à l’acteur Gérard Depardieu, accusé de viols et d’agressions sexuelles, plus de 600 artistes ont signé une « contre-tribune », publiée vendredi par le collectif de gauche Cerveaux non disponibles, sur un blog hébergé sur le site de Mediapart. Les artistes Pomme, Médine, ou Imany, ainsi que les actrices Judith Chemla et Clotilde Hesme figurent notamment parmi les signataires du texte.
Ces artistes souhaitent manifester avec cette tribune leur « désaccord » avec l’idée, défendue dans la tribune publiée dans le Figaro, selon laquelle s’en prendre à l’acteur reviendrait à s’attaquer à l’art, « comme si le statut d’artiste ou le talent justifiait un traitement singulier ». « Cette tribune et la défense de Macron sont autant de crachats à la figure des victimes de Gérard Depardieu mais aussi de toutes les victimes de violences sexistes et sexuelles », estiment-ils aussi, en référence aux propos du président de la République, qui avait notamment dénoncé la semaine dernière une « chasse à l’homme » contre l’acteur.
« L’écho de l’impunité »
« Ne vous trompez pas, nous aussi, nous souhaitons que la justice fasse son travail. (…) Mais face à l’absence d’écoute et de prise au sérieux des victimes au sein des institutions policières et judiciaires, il est du devoir de chacun de refuser la banalisation de propos et d’actes tels que ceux de Gérard Depardieu », poursuivent les auteurs, appelant à briser « la loi du silence » et « l’écho de l’impunité ». « Que la justice fasse son travail. Mais nous devons également faire le nôtre. Celui de soutenir les victimes et de ne pas laisser tranquilles des agresseurs, des violeurs, des oppresseurs », ajoutent-ils.
Et de conclure : « nous sommes là pour rappeler que l’art n’a pas à être fait par des idoles hors de la réalité, l’art n’est pas du côté des caprices de star. L’art refuse de se soumettre à leur système ».
La tribune publiée lundi dans le Figaro avait déclenché une polémique, des associations féministes la comparant déjà à « un crachat au visage des victimes de violences ». Certains signataires s’en sont désolidarisés depuis. La réalisatrice et écrivaine Nadine Trintignant a ainsi annoncé vendredi qu’elle lui retirait son soutien, assurant qu’elle « ignorait » que la tribune avait été écrite par le comédien et éditorialiste Yannis Ezziadi, proche de l’extrême droite. Carole Bouquet, actrice et ex-compagne de Gérard Depardieu, a aussi précisé ce vendredi sur son compte Instagram qu’elle ne soutenait pas les « idées et valeurs associées au journaliste porteur de cette tribune ».
Gérard Depardieu a été mis en examen pour viols en 2020. Les témoignages contre lui se sont depuis multipliés, notamment après la diffusion en décembre d’extraits où on le voit enchaîner les grossièretés, les remarques graveleuses et les grognements de bête.