Pour sa 775e édition, la vénérable fête du Bois-Hourdy de Chambly s’est achevée dans le chaos, le samedi 25 février dernier. Traditionnellement, une fête foraine accompagne les différentes étapes de cette célébration plutôt familiale, mais cette année elle a surtout été le théâtre d’une vive tension entre les forains et des groupes de jeunes venus de Persan (Val-d’Oise) ou Méru.
Depuis le jeudi 23 février et une obscure histoire de téléphone portable volé, le ton ne cesse de monter entre les deux groupes et après diverses échauffourées, la situation semble prête à exploser, le samedi, vers 18h30. Les forains se sont rassemblés et demandent aux gendarmes arrivés sur les lieux de faire partir le groupe de jeunes qui ne cessent de les narguer et de les insulter.
Les militaires sont en passe d’obtenir le départ des jeunes mais les forains excédés veulent sans doute accélérer le mouvement et commencent à jeter des barrières à terre et s’équipent de barres de fer. Tout s’accélère lorsque l’un des forains, le visage masqué par une cagoule s’empare d’une barrière en métal et charge en direction des jeunes, heurtant au passage un des gendarmes interposés entre les deux groupes.
Condamné pour des faits similaires commis à Noyon
À l’aide de gaz lacrymogène, les forces de l’ordre reprennent très vite le contrôle des opérations, et sous la cagoule de l’agresseur à la barrière, ils n’ont aucun mal à identifier les 170 kg de Rudy R., 46 ans, le responsable des forains, qui reconnaît très vite être l’auteur de cette charge, présentant ses excuses au gendarme qui n’était pas sa cible.
Mais le lourd casier judiciaire de Rudy R. et la gravité des faits ne lui évitent pas un passage en comparution immédiate ce lundi, où le colosse va sangloter plusieurs fois dans le box. Déjà condamné en son absence en décembre 2021 à huit mois de prison ferme pour des faits quasi identiques lors de la fête foraine de Noyon, le forain au sang chaud sait déjà que la mise à exécution de cette peine lui garantit un séjour en prison dès la fin de l’audience.
« C’est un gros nounours »
Pour les faits de ChamblyRudy R. le répète, il ne voulait aucun mal aux gendarmes. « Je voulais faire partir les jeunes qui depuis trois jours perturbaient la fête, ce qui nous obligeait à fermer plus tôt à chaque fois, donc on perdait de l’argent. » Plusieurs gendarmes étant équipés de caméra GoPro, la charge de Rudy a été diffusée sur les écrans de la salle d‘audience. Le gendarme touché s’en sort sans aucune blessure. « Il ne me visait sans doute pas mais j’étais sur sa route et il n’a rien fait pour m’éviter », témoigne le militaire victime.
« Rudy, je le connais depuis vingt ans, il pleure comme un gros nounours parce que c’est un gros nounours, estime son avocat Me Marc Antonini. Il n’est pas non plus très malin et il ne réfléchit qu’après coup. Les fêtes forainesc’est son gagne-pain mais aujourd’hui, il n’y a plus de fêtes. Il n’y a que des hordes sauvages qui viennent « bordéliser » la fête. Il ne peut pas tolérer que des jeunes viennent tous les jours pour empêcher les forains de travailler. »
Le tribunal a condamné Rudy R. À une peine de trois mois de prison ferme avec mandat de dépôt à l’audience. Il devra accomplir un stage de citoyenneté et a interdiction de détenir une arme pour une durée de cinq ans.