«La douleur use », dit Marie Pichon. Elle attend depuis 1986 que la justice mette un nom sur le meurtrier de sa fille, Christelle Maillery, 16 ans. L’adolescente rentrait du collège avant d’être découverte morte dans une cave de l’immeuble dit du bloc 12 rue de la Charmille au Creusot (Saône-et-Loire). Une nouvelle information judiciaire a été ouverte en septembre alors que le dossier avait été clos par un non-lieu en 1990 et les scellés détruits la même année.
« C’est ce qu’on appelle une bonne administration de la justice… » proteste Marie, gérante de station-service qui avoue « être épuisée » par dix-neuf ans d’attente, mais elle « n’arrête pas de se battre » pour ses deux autres enfants. Elle avoue avoir été « submergée » par le crime de sa fille et « avoir délaissé » les deux soeurs de Christelle. « Je les ai laissées de côté… »
« L’impossibilité de mettre un nom sur l’assassin, c’est terrible. Le meurtre de ma fille a brisé ma vie », continue Marie qui a attendu quinze ans pour que son dossier soit rouvert par le parquet de Chalon-sur-Saône et une enquête pour « homicide volontaire » relancée. « Quand je pense qu’il n’y a pas eu d’enquête de voisinage pour savoir qui aurait pu voir quelque chose », s’indigne-t-elle, découvrant que les scellés avaient été détruits avant la prescription. Un postier qui faisait sa tournée dans le quartier avait pourtant témoigné « avoir été bousculé » par « un homme d’une vingtaine d’années, de corpulence assez mince, me rappelant le style du chanteur Renaud ».
Des témoignages coïncident
Un témoignage capital qui vient télescoper une autre affaire confiée à la gendarmerie de Dijon et instruite au cabinet du juge Pernollet à Mâcon dans une autre juridiction qui a repris le dossier du meurtre de Carole Soltysiak, une collégienne de 13 ans découverte dans les bois de Rozelay à Perrecy-les-Forges non loin de Montceau. Là aussi, de nombreux témoins décrivent un « homme ressemblant au chanteur Renaud ».
Une trace biologique prélevée sur un poil avait permis de mettre hors de cause deux hommes mis en examen et écroués en novembre 2000. Ils ont été libérés en juin 2001 et restent sous contrôle judiciaire. « Notre famille est détruite. Ma tête se bat encore mais mon corps m’a abandonné », confie Marie avant de s’écrouler sur la table en pleurs.