Trois jours de tension, pour ce rebondissement : après une ouverture avortée mardile Chilien rejugé pour l’assassinat de son ex-petite amie japonaise Narumi Kurosaki a obtenu ce jeudi le renvoi de son procès à une session d’assises « ultérieure ».
Quand ? Le président de la cour d’assises de la Haute-Saône, François Arnaud, n’a pas donné de date. Selon l’avocat général Étienne Manteaux, qui avait réclamé un report du procès à lundi en fustigeant « la duplicité sans limite » de Nicolas Zepeda, il va être « matériellement compliqué » de trouver un créneau, les prochaines sessions d’assises à Vesoul étant déjà bouclées, a-t-il indiqué.
Les prochaines sessions d’assises bouclées
C’est lui, Étienne Manteaux, qui s’est, selon L’Est Républicainassis face aux proches de Narumi en pleurs pour leur expliquer, avec l’aide d’un interprète, les raisons de cette décision, alors qu’ils ont fait le déplacement depuis le Japon.
Mardi, au lendemain de l’ouverture de son procès en appel, Nicolas Zepeda a, à la surprise générale, récusé son avocat Me Antoine Vey et s’est vu attribuer à l’audience deux autres conseils. Il a finalement indiqué en avoir désigné un autre, le cabinet Portejoie. Un délai avait été accordé jusqu’à ce jeudi 9 heures, pour permettre à sa nouvelle défense de se plonger dans le dossier.
« Ma mission n’est pas difficile, elle est strictement impossible », a affirmé son nouveau conseil, Me Renaud Portejoie, qui exerce à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme). Il lui faudrait « des semaines » pour prendre connaissance du dossier, qui compte « huit, dix, mille cotes ». « La première mission est de pouvoir conseiller, assister, orienter, contredire, peser dans les instances judiciaires, mais le préalable est de connaître le dossier, ce qu’on lui reproche. Je ne connais rien de tout cela ! C’est une entreprise suicidaire », relève-t-il.
Me Portejoie a aussi affirmé que le report du procès n’était pas du fait de son client mais de la responsabilité de Me Vey, qui aurait fait valoir « sa clause de conscience ». « Je n’ai pas enlevé la désignation de Me Vey », qu’il a mandaté en novembre après avoir vu d’autres avocats, a ajouté le Chilien de 32 ans. « Je n’ai pas renoncé à mon conseil, je ne suis pas à l’origine de cette situation ». Contacté par l’AFP, le cabinet de Me Vey n’a pas souhaité faire de commentaires.
Zepeda dément avoir récusé son avocat
Se tenant debout devant la mère et les deux sœurs de Narumi, la mine décomposée, Me Sylvie Galley s’emporte : « Je suis moi aussi attachée aux droits de la défense et mon propos n’est pas de fustiger une défense mais de relayer un questionnement profond qui est celui de l’instrumentalisation de la justice par un accusé qui, à mon sens, nous soumet à ses desiderata, nous oblige à composer avec ses caprices, nous met dans une situation intenable et nous prend tous en otage », fustige-t-elle.
Me Randall Schwerdorffer, qui représente les intérêts d’Arthur Del Piccolole petit ami français de Narumi au moment de sa disparition, notant que « Nicolas Zepeda a le droit de mentir, de manipuler cette procédure », a dit « ne souhaiter qu’une chose : un vrai procès ». « Je souhaiterais évidemment que ce procès soit maintenu. Mais si ce n’est pas juste qu’il soit jugé rapidement, il vous appartient de proposer un procès de qualité, et rien d’autre », dit-il.
Après deux heures de réflexion, les trois magistrats de la cour d’assises ont décidé du report. En avril dernier, Nicolas Zepeda avait été condamné par les assises du Doubs à 28 ans de réclusion pour l’assassinat de Narumi Kurosaki.
L’étudiante japonaise de 21 ans avait rencontré l’accusé lorsqu’ils étudiaient au Japon. Arrivée à Besançon à l’été 2016 pour y apprendre le français, elle avait ensuite rompu avec lui. Sans la prévenir, le Chilien l’avait retrouvée à Besançon et avait passé avec elle la nuit du 4 au 5 décembre 2016 durant laquelle des témoins disent avoir entendu dans la résidence universitaire des « hurlements » et un bruit sourd. La jeune femme a depuis disparu. Son corps n’a jamais été retrouvé.
L’accusé n’a cessé de clamer son innocence lors du premier procès. Son père et sa mère, présents eux aussi à Vesoul, de même.