Il diffusait de la propagande nazie, antisémite et raciste qui appelait à des assassinats ciblés. Dominique D., jardinier municipal de Montauban et partisan de l’ultra-droitea été déclaré coupable d’apologie du terrorisme et d’incitation en ligne à des actions violentes en 2020 et 2021. À l’issue de quatre heures de délibéré, la chambre spécialisée dans les affaires de terrorisme du tribunal correctionnel de Paris a infligé à cet homme de 47 ans cinq ans d’emprisonnement dont deux ans avec un sursis probatoire, comprenant une obligation de soin.
Le prévenu a en outre été condamné pour acquisition et détention illégale d’armes ainsi que d’explosifs, mais sans lien avec une entreprise terroriste, ce pour quoi il avait été renvoyé devant le tribunal. Il s’est vu infliger une interdiction de détention d’arme pendant quinze ans et une interdiction définitive d’exercer toute fonction publique.
Un second prévenu, Didier B. ancien chauffeur de poids lourd au RSA (revenu de solidarité active), âgé de 61 ans et domicilié en Gironde, a été condamné à trois ans d’emprisonnement dont deux ans avec sursis probatoire, pour avoir acquis et détenu illégalement des armes, ainsi que pour en avoir vendu à Dominique D.
Panthéon des portraits de tueurs d’extrême droite
Surveillé par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) pour ses échanges sur Telegram, Dominique D. avait été arrêté en novembre 2021 et placé en détention provisoire. L’enquête, ouverte notamment pour « association de malfaiteurs terroriste », n’a toutefois pas permis d’établir qu’il fomentait un passage à l’acte violent.
Lors de l’audience, Dominique D. a reconnu avoir été l’administrateur de plusieurs chaînes Telegram publiques sur lesquelles il diffusait ses propos haineux. Outre des montages vidéos d’exécutions, il y partageait comme un panthéon des portraits de tueurs d’extrême droite, dont le Norvégien Anders Behring Breivik.
La procureure avait requis six ans d’emprisonnement à l’encontre de Dominique D, et cinq ans avec mandat de dépôt contre Didier B. Selon la magistrate, le premier est allé « plus loin que l’apologie du terrorisme » puisqu’il a réalisé et diffusé un manuel de 19 pages qui est un « guide pratique pour ceux qui adhèrent à l’idéologie de l’ultradroite et veulent passer à l’action ».
48 armes et des milliers de munitions
Pour elle, il était d’ailleurs « impossible » de ne pas reconnaître l’adhésion du prévenu à l’idéologie « polymorphe » d’ultradroite, regroupant thèses néonazies, suprémacisme blanc, accélérationnisme et survivalisme. Elle a aussi parlé d’un « véritable arsenal » découvert chez l’employé municipal et qui « aurait pu être pourvoyeur de morts » : 48 armes et des milliers de munitions.
« Je regrette profondément mes actes » qui pouvaient « pousser des personnes à commettre l’irréparable », a déclaré Dominique D. Selon son conseil, Me Séverine Lheureux, « le visionnage de l’ultraviolence » était pour lui « devenu une drogue (…) et il s’est enfermé là-dedans ».