Hank Skinner n’aura pas réussi à prouver son innocence. Cet homme qui se trouvait dans un « couloir de la mort » du Texas depuis près de 30 ans après avoir été condamné pour les meurtres de sa petite amie et des deux fils de celle-ci est finalement décédé de mort naturelle. Henry « Hank » Skinner, 60 ans, s’est éteint jeudi après-midi dans un hôpital de Galveston, a déclaré Robert Hurst, porte-parole du département de la justice pénale.
Dans un communiqué, les avocats de Skinner ont précisé qu’il était décédé à la suite de complications liées à une intervention chirurgicale effectuée en décembre pour lui enlever une tumeur au cerveau. L’exécution de Skinner était prévue pour le 13 septembre prochain. « Tous ceux qui ont connu Hank se souviendront de son formidable intellect, de sa loyauté farouche, de sa chaleur personnelle, de ses récits vivants et de son sens de l’humour », ont ajouté ses conseils. « Personne n’oubliera non plus sa chaleur humaine, ses histoires et son sens de l’humour. Personne n’oubliera comment il insistait pour que les personnes au pouvoir honorent ses droits et respectent sa dignité », ont-ils conclu.
Son cas connaissait un écho médiatique particulier en France. En effet, ce dernier était marié avec la Française Sandrine Ageorges-Skinner depuis 2008. Le condamné à mort avait commencé à correspondre avec sa future épouse dès 1996. Cette figure de l’abolitionnisme s’est battue sans relâche pour faire valoir son innocence et obtenir une libération mais en vain.
Tests ADN sur des cheveux au cœur de l’enquête
Hank Skinner a été reconnu coupable du meurtre, le soir du Nouvel An 1993, de Twila Jean Busby, 40 ans, sa compagne de l’époque, et de ses fils, Elwin Caler, 22 ans, et Randy Busby, 20 ans. Ils ont été retrouvés morts dans leur maison à Pampa, située au nord-est d’Amarillo dans le Texas. Les procureurs en charge de l’enquête avaient déterminé que Skinner aurait utilisé un manche de hache pour tuer Twila Busby, puis aurait poignardé mortellement ses fils, qui étaient tous deux atteints de troubles mentaux.
Skinner a longtemps clamé son innocence. Selon sa version des faits, il s‘était évanoui sur un canapé à cause d’un mélange de vodka et de codéine au moment de leur mort. Skinner et ses avocats ont désigné l’oncle de Twila Busby, Robert Donnell, aujourd’hui décédé, comme le tueur potentiel. « Hank Skinner contestait encore sa condamnation au moment de sa mort, et nous sommes profondément désolés qu’il soit décédé avant la fin de la procédure », ont déclaré ses avocats dans leur communiqué.
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Les enquêteurs appuyaient leur démonstration sur des élément concrets : de l’ADN du principal suspect se trouvait dans une goutte de sang, dans la chambre où Randy Busby a été retrouvé poignardé à mort et que son ADN correspondait également à d’autres taches de sang dans toute la maison où les meurtres ont eu lieu. Le condamné à la peine capitale était passé à une heure de l’exécution en mars 2010 avant que la Cour suprême des États-Unis ne lui accorde un sursis afin qu’il puisse effectuer des tests ADN sur des éléments de la scène de crime qui n’avaient pas été testés jusque-là. Trois cheveux qui auraient pu appartenir à un autre suspect.
Ces éléments n’ont pas été testés au moment du procès de Skinner, car son avocat craignait que les résultats des tests ne soient bien préjudiciables à son dossier. « Depuis, je suis victime d’un coup monté », clamait Skinner « Ils veulent me tuer pour quelque chose que je n’ai pas fait. » Des tests ont été effectués sur les preuves supplémentaires. Ses avocats ont fait valoir que les résultats de ces tests montraient qu’il était « raisonnablement probable » qu’il aurait été acquitté pour les meurtres si le jury avait entendu le témoignage sur ces preuves supplémentaires. Les procureurs ont eux fait valoir que la plupart des preuves ADN impliquaient Skinner.
En 2014, un juge a statué que Skinner aurait probablement été condamné même si les preuves ADN supplémentaires avaient été présentées à son procès. En octobre, la Cour d’appel pénale du Texas a confirmé la décision du juge.