« C’est une injustice. Maintenant, c’est moi qui suis en prison. » Élodie, l’une des victimes d’un homme condamné pour viols, harcèlement et agressions sexuellesa fait part de son angoisse à France 3. « Je n’ose même plus sortir, je dois suivre des soins psychologiques, mais j’ai peur d’y aller, je reste enfermée chez moi. »
Son ancien employeur, un gérant de pizzeria, a été condamné en mai 2022 à 14 ans de réclusion criminelle par la cour d’assises de l’Eure pour des faits commis entre 2015 et 2018. Après huit mois de détention, il a été relâché le 10 janvier et placé sous contrôle judiciaire dans l’attente de son procès en appel le 12 juin. L’homme est désormais assigné à résidence dans le Calvados avec interdiction de se rendre dans le département de l’Eure, indique France Bleu Normandie.
« Cela a été un coup de massue », a réagi auprès de la radio locale Virginie, une des quatre plaignantes. Comme elle, une cinquantaine de personnes ont manifesté leur incompréhension samedi à Beuzeville (Eure), face à la décision de la justice de la chambre d’instruction de Caen. « On veut que la justice nous entende. (…) On est fatigué mentalement et physiquement. Je recommençais à prendre goût de sortir, aller voir des amis mais depuis le 10 janvier c’est fini », a expliqué Virginie.
« Ma vie de femme a été détruite »
« Pour nous c’est une double peine. (…) On ne vit plus, c’est de la survie avec la peur de le recroiser, l’angoisse. (…) J’ai 24 ans et ma vie de femme a été détruite », a également témoigné auprès de France 3 Amélie, une autre victime.
L’avocat d’une partie civile, Me Sylvain Naviaux, a dénoncé une « remise en liberté avec des conséquences préjudiciables pour les victimes ». « Il y a beaucoup de personnes qui bénéficient de la présomption d’innocence et qui restent détenus jusqu’à la comparution devant la juridiction », a-t-il souligné sur BFMTV Normandie.