Après deux mois consécutifs de record absolule nombre de détenus dans les prisons françaises a connu une légère baisse pour atteindre 72 173 personnes incarcérées au 1er janvier, sans incidence sur la surpopulation générale des maisons d’arrêt, selon les données du ministère de la Justice publiées jeudi.
La population carcérale avait connu son plus haut historique le 1er novembre 2022, avec 72 809 personnes derrière les barreaux, un record de nouveau dépassé le 1er décembre, avec 72 836 prisonniers. Il n’empêche que la surpopulation est réelle : on compte 60 670 places opérationnelles, soit une densité carcérale globale de 119 %, contre 114,3 % il y a un an, selon les statistiques du ministère.
Ce taux d’occupation est de 141,3 % dans les maisons d’arrêt, où sont incarcérés les détenus en attente de jugement – et donc présumés innocents – et ceux condamnés à de courtes peines. 56 prisons affichent une densité supérieure à 150 %. Ce taux d’occupation atteint ou dépasse même 200 % dans six établissements (dont 204,6 % à Bordeaux-Gradignan et à Foix).
2 111 détenus contraints de dormir au sol
Près de 15 000 détenus sont actuellement en surnombre par rapport aux places disponibles dans les établissements pénitentiaires. En raison de cette surpopulation, 2 111 sont contraints de dormir sur des matelas posés à même le sol. Parmi les détenus, 18 961 sont des prévenus, incarcérés dans l’attente de leur jugement.
Au total, 86 734 personnes étaient placées sous écrou au 1er janvier, un nombre là aussi en baisse par rapport au mois précédent. Parmi elles, on compte 14 561 personnes non détenues faisant l’objet d’un placement sous bracelet électronique (13 865) ou d’un placement à l’extérieur (696). Le nombre de femmes écrouées (3,6 % de la population carcérale totale) et celui de mineurs (0,8 %) sont stables.
La surpopulation chronique de ses prisons a valu à la France une condamnation « historique » il y a trois ans par la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH). Pour remédier à ces taux d’occupation record, le gouvernement mise sur la construction de nouvelles places de prison et sur les effets à attendre de l’extension de la libération sous contraintequi permet depuis le 1er janvier la remise en liberté anticipée de détenus condamnés à une peine inférieure à deux ans d’emprisonnement et à qui il reste moins de trois mois à purger. Selon des estimations du ministère d’avril 2021, 6 000 personnes détenues seraient concernées par ce mécanisme.