Mickaël Philétas condamné à la prison à vie. La cour d’assises de Versailles avait requis ce mercredi matin la réclusion criminelle à perpétuité à l’encontre de ce youtubeur, qui se décrit comme un « coach en séduction ». Le verdict a suivi ces réquisitions, à l’exception de la période de sûreté. L’avocate générale avait réclamé 22 ans, c’est finalement une peine de sûreté automatique qui s’appliquera : 18 ans. L’avocat de l’accusé n’a pas souhaité faire de commentaire.
L’homme de 41 ans, qui est resté les yeux baissés pendant toutes les réquisitions, est jugé depuis le 17 janvier pour avoir tué son ex-petite amie de 80 coups de couteau, le 29 janvier 2020 à Ecquevilly, une commune proche des Mureaux (Yvelines). Il avait aussi, ce soir-là, poignardé à plusieurs reprises et tenté d’abuser de la sœur de celle-ci et donné 35 coups de couteau au nouveau compagnon de la victimequi avait dû « faire semblant d’être mort ».
Pour l’avocate générale, Marine Montauzou, la préméditation ne fait « aucun doute ». « Il était là pour détruire », a-t-elle lancé. Pour elle, « sa volonté, c’est d’annihiler son ex et sa famille ».
« Une haine homicidaire à l’égard des femmes »
Et même si l’accusé est resté silencieux tout au long du procès, son profil « masculiniste » a retenu l’attention de tous. L’avocate générale a d’ailleurs décrit un accusé ayant « une haine homicidaire à l’égard des femmes » et n’a pas manqué de rappeler l’existence d’une vidéo de Mickaël Philétas intitulée « Comment dézinguer une ex ».
Dans ses réquisitions, l’avocate générale a repris les éléments justifiant la « mission commando » menée par l’accusé pour mener à bien son projet mortifère. Mickaël Philétas a effectué deux passages dans une armurerie pour s’équiper notamment d’un couteau. « Il voulait un couteau solide. Pourquoi s’en assurer s’il n’avait pas l’intention de tuer ? » demande-t-elle.
Les expertises psychiatriques de l’accusé présentées à l’audience, mardi, évoquaient une faible capacité d’empathie et d’autocritique. Pour l’avocate générale, Philétas se comporte comme si la victime était responsable de sa mort. « Il est dans un registre persécutif », estime Marine Montauzou.
Elle a ensuite demandé aux jurés de faire preuve de clairvoyance dans leur décision. « Nous ne sommes pas là pour juger la fin d’une relation amoureuse, mais pour juger un homme qui a commis le pire : tuer sauvagement son ex-compagne, en mutilant son corps et en cherchant à se débarrasser de tous les témoins. ».
La défense demande de ne pas retenir la préméditation
De son côté, Guillaume Gombart, l’avocat de Mickaël Philéas, a pris la parole après qu’une partie de la salle s’est vidée à l’issue des réquisitions de l’avocate générale. La partie civile n’a pas souhaité assister à sa plaidoirie. « Je défends celui qu’on qualifie d’indéfendable », a d’abord déclaré l’avocat de la défense, avant de saluer « le courage et la dignité des parties civiles, qui ont affronté cette audience dans le calme, malgré leur souffrance ».
S’il ne remet pas en cause le fait que son client mérite la perpétuité, Me Gombart a cependant tenu à mettre en doute la préméditation. « Peut-on avoir la certitude d’une volonté d’homicide ? » a-t-il demandé aux jurés. Il explique que l’accusé s’est déjà rendu devant le domicile de la victime le 28 janvier 2020, un jour avant le meurtre, avant de se raviser.
Quant au jour du meurtre, il évoque un « concours de circonstances » qui ont mené l’assassin présumé à l’acte. « L’état de stress et les émotions prennent le dessus et le font passer de conscient à presque inconscient. Une fois dans la maison, il ne maîtrise plus rien », a voulu nuancer l’avocat de la défense, qui a invité les jurés à décider froidement. « La justice, ce n’est pas la vengeance. Juger, c’est comprendre », a conclu Me Gombart.