Deux nouvelles femmes ont porté plainte avec constitution de partie civile contre Patrick Poivre d’Arvoraprès que leurs plaintes ont été initialement classées sans suite pour prescription, a indiqué lundi le parquet de Nanterre.
Cinq autres femmes avaient elles aussi déposé une plainte en juin dernierentraînant la saisie de deux juges d’instruction le 19 juillet, et qui ont depuis été jointes à l’information judiciaire ouverte en décembre 2021 après la plainte avec constitution de partie civile de l’autrice Florence Porcel, qui accuse l’ancien présentateur de l’avoir violée à deux reprises. PPDA a été mis en examen en décembre 2023 pour l’un de ces viols.
« Lors des précédentes constitutions de parties civiles, les juges saisis de la plainte de Mme Porcel ont été désignés et ils ont ordonné la jonction avec leur affaire initiale », a précisé le parquet. Cette information judiciaire avait été élargie en février à deux autres viols et une agression sexuelle dénoncés par trois femmes.
Une plainte déposée… en 2005
Au total, plus de 40 femmes ont témoigné auprès de la justice contre l’ancien présentateur des JT d’Antenne 2 puis de TF 1, âgé de 77 ans, qui conteste les accusations de viols et d’agressions sexuelles.
L’une d’elles l’avait dénoncé il y a 19 ans : Caroline Merlet avait porté plainte pour viol contre Patrick Poivre d’Arvor en juin 2005, plainte qui avait été classée sans suite quelques mois après, a indiqué le parquet de Nanterre, confirmant une information du Monde publiée lundi matin.
Dans le cadre de cette enquête, l’animateur avait même été auditionné par les enquêteurs de la police judiciaire des Hauts-de-Seine, et des policiers s’étaient rendus dans son bureau de la tour TF 1, située à Boulogne-Billancourt, à l’ouest de Paris, pour effectuer des constatations, a ajouté le parquet.
Caroline Merlet avait 29 ans à l’époque, et les faits qu’elle dénonce se sont produits le 14 mars 2005 dans le bureau du présentateur, après le journal télévisé auquel elle avait assisté, détaille Le Monde. Le 16 juin 2005, elle se rend au commissariat de Rochefort (Charente-Maritime) pour déposer une plainte pour viol contre l’animateur, plainte qui n’a jamais été rendue publique, ajoute le quotidien.
« Si j’avais su en 2005, peut-être que j’aurais témoigné »
Mais la suppression du tribunal de cette ville « lors de la réforme de la carte judiciaire en 2007 a complexifié les recherches », a expliqué le parquet de Nanterre. Le ministère public a toutefois « identifié le dossier et l’a étudié dans le cadre de ses vérifications réalisées pour rechercher une éventuelle connexité avec des procédures dont le parquet était saisi ».
Contactée par l’AFP, l’avocate de PPDA, Me Jacqueline Laffont-Lhaïk, n’était pas immédiatement joignable. Quant à la direction de la chaîne, elle a expliqué n’avoir pas eu connaissance de cette procédure en 2005, affirmant que la direction « a été renouvelée plusieurs fois depuis l’époque des faits » et « a connaissance de ces événements au fil de leur médiatisation ».
« C’est inimaginable », conteste la journaliste Hélène Devynck, jointe par l’AFP, qui a déposé une plainte avec constitution de partie civile en juin dernier contre PPDA. « C’est impossible de rentrer » dans les locaux de TF 1 et « de perquisitionner un bureau sans que la direction ne soit au courant », a-t-elle souligné, accusant la chaîne de « protéger » son ancienne vedette et d’avoir « dissimulé » cette plainte. Elle et les autres plaignantes sont « dans une colère noire », ajoute-t-elle : « Si j’avais su en 2005, peut-être que j’aurais témoigné » cette année-là, « peut-être que beaucoup des 46 femmes qui ont témoigné aujourd’hui l’auraient fait aussi » il y a 19 ans.