« Je suis un accident »
La Cinémathèque française rend hommage à l’acteur mythique, qui affirmait toujours vivre ses rôles et non pas les jouer. « Un acteur est un accident. Je suis un accident. Ma vie est un accident. Ma carrière est un accident », avait lancé la légende du cinéma.
Alain Delon refusait d’ailleurs d’être désigné comme un « comédien » : « Un comédien joue, un acteur vit ses rôles. C’est ce qui fait la différence entre Jean-Paul (Belmondo) et moi », avait-il tancé auprès du Parisien, lui qui appelait constamment les journalistes pour les remercier pour la publication d’un article à son sujet… à moins qu’il n’ait été contrarié ou blessé par un texte, comme on vous le raconte dans cet article.
« Je te mène à ton père et ta mère »
Sur les réseaux sociaux, les hommages des internautes à la star de cinéma se succèdent. Une vidéo en particulier circule largement : un questionnaire de Bernard Pivot, auquel Alain Delon répondait sans détour en 1996. Son mot préféré, « honneur », sa drogue favorite, « l’amour », le bruit qu’il aime, « le hurlement du loup la nuit dans la forêt », son juron favori, « putain de merde », égrène l’acteur… qui confie au passage vouloir se réincarner en « malinois, un berger belge ».
« Si Dieu existe, qu’aimeriez-vous, après votre mort, l’entendre vous dire à vous, Alain Delon ? », demande aussi le journaliste. « Puisque tel est ton plus grand et plus profond regret, je le sais, viens, je te mène à ton père et ta mère, afin que pour la première fois, enfin, tu les vois ensemble », répond l’acteur, le ton grave.
« Nous savions les douleurs qui étaient les siennes », réagit Jack Lang
L’ancien ministre de la Culture Jack Lang rend hommage sur France info à « la gentillesse » de l’acteur, et à leur « lien d’amitié » pendant « une vingtaine d’années ». Aux côtés de sa femme, l’ancien membre du gouvernement de François Mitterrand avait « pour lui une tendresse, nous savions les douleurs qui étaient les siennes », déclare-t-il, « au-delà de l’immense acteur, prodigieux, (…) ce prince du cinéma ».
Il décrit une star « extrêmement pudique, réservé, retenu, timide en même temps même s’il s’exprimait de temps en temps brutalement, avec éclat ». « Alain a connu tout au long du temps des moments heureux, de rejet », y compris dans le monde du cinéma, « qui parfois fut dur avec lui », poursuit-il, dépeignant un homme aux « convictions » politiques éloignées des siennes mais pour autant proche de lui.
Un père dur avec ses fils, tendre avec sa fille
Les derniers mois ont été marqués par un bras de fer fratricide entre les enfants de la légende du cinéma, à coups de déclarations publiques et de procédures judiciaires. L’acteur a entretenu des relations tumultueuses avec ses deux fils Anthony et Alain-Fabien, tandis qu’Anouchka faisait figure au contraire de fille adorée, comme on vous l’explique dans ce portrait de famille. C’est malgré tout la fratrie réunie qui a annoncé d’une seule voix la mort de leur père ce dimanche.
Les hommages des politiques
Les personnalités politiques commencent à rendre hommage à l’acteur de 88 ans : « Adieu cher Alain ! », écrit la présidente de la région Île-de-France et membre de LR Valérie Pécresse sur X. Le patron du parti Eric Ciotti décrit quant à lui à une star qui « était de la race des seigneurs », « l’Homme français avec un grand H ». « La France pleure un monstre sacré qui habita le quotidien des Français par delà les générations et continuera à nous faire vibrer encore longtemps », ajoute-t-il, poursuivant : « patriote sincère et homme de droite, Alain Delon a toujours défendu une certaine idée de la France ».
Sa carrière en 12 films
« Plein soleil », « Le Guépard », « La Piscine », « Une chance sur deux », ou encore « Astérix aux Jeux olympiques »… Alain Delon a multiplié les grands écarts au fil de sa carrière, entre chefs-d’œuvre, films commerciaux et quelques navets. Rétrospective d’une carrière foisonnante, qui avait pris fin en 2008, autour de 12 films incontournables.
Un cliché de Loubo partagé par Anouchka Delon
Si les trois enfants de l’acteur n’ont pour l’heure rien partagé sur les réseaux sociaux depuis l’annonce de la mort de leur père, sa fille Anouchka Delon avait partagé ces dernières heures sur son compte Instagram une photo du chien Loubo, le fidèle compagnon d’Alain Delon, qu’elle photographie depuis la fenêtre d’une voiture.
Les derniers mois difficiles de l’acteur
C’est à Douchy, sa propriété du Loiret, que la légende du cinéma avait voulu finir ses jours et être enterré. Après avoir congédié une dame de la société Hiromi Rollinau cœur d’une polémique avec ses enfants, l’acteur y vivait depuis 2023. Sa santé s’était dégradée ces dernières années, mais il avait refusé tout traitement, que ce soit pour son cancer ou pour les suites de son AVC en 2019. La fin de sa vie a aussi été marquée par des tensions fratricides entre ses enfants. Un épilogue en crépuscule, que l’on vous raconte dans cet article.
« Pas un voyou, mais un prince qui aimait les voyous »
Invité sur France info, le photographe Jean-Marie Périer se dit « complètement effaré », de la nouvelle de la mort de l’acteur. « Je suis très triste », lâche-t-il, très ému, rendant hommage à une star qui « n’a pas été à la facilité ».
« J’ai entendu plein de choses désagréables sur lui pendant des années. Mais c’est quelqu’un qui était parti de rien. (…) Bien sûr que quand on a un tel succès au cinéma, on est influencé (…) par le regard des autres », mais Alain Delon n’était « pas un voyou, plutôt un prince qui aimait bien les voyous », le décrit-il. « Il a aidé des gens, (…) il a pris des risques, ce qui n’est pas le cas de tous les acteurs. Je le trouvais courageux. C’était quelqu’un qui était beaucoup plus agréable dans les rapports, que ce qu’on a dit de lui par la suite », ajoute-t-il.
Une carrière immense
Depuis son premier long-métrage en 1957, à l’âge de 23 ans, Delon a tourné dans 88 films et sept téléfilms. Il a été le héros d’une douzaine de chefs-d’œuvre ou de films cultes, parmi lesquels « Plein Soleil », « Rocco et ses frères », « le Guépard », « Mélodie en sous-sol », « le Samouraï », « Borsalino », « la Piscine » ou « Monsieur Klein ».
Les enfants d’Alain Delon annoncent son décès
Ce sont les trois enfants de l’acteur qui ont annoncé son décès dans un communiqué à l’AFP, ce dimanche matin.
« Alain Fabien, Anouchka, Anthony, ainsi que (son chien) Loubo, ont l’immense chagrin d’annoncer le départ de leur père. Il s’est éteint sereinement dans sa maison de Douchy, entouré de ses trois enfants et des siens. (…) Sa famille vous prie de bien vouloir respecter son intimité, dans ce moment de deuil extrêmement douloureux », indique le communiqué.
« L’acteur de Plein soleil un toi Samourai s’en est allé rejoindre (la Vierge) Marie parmi ses étoiles si chères à son cœur », poursuivent ses enfants, selon lesquels l’acteur est décédé « très tôt au milieu de la nuit ».