C’est la naissance d’une rivalité sportive. Mais pas forcément née sur des bases très saines. Le public français a pris en grippe les équipes argentines. Depuis la finale de la Coupe du monde de foot au Qatar il y a 2 ans, les épisodes alimentant l’animosité entre les deux pays se multiplient. Le quart de finale du tournoi olympique de rugby à septremporté par les Bleus (26-14) ce jeudi soir au Stade de Francen’a pas dérogé à cette règle.
À 21h30, les Pumas sont entrés sur la pelouse sous une nouvelle bronca. Mercredi déjà, ils avaient été sifflés lors de leurs deux matchsle public de l’enceinte de Saint-Denis prenant fait et cause pour leurs adversaires kényans et samoans. Bis repetita ce jeudi soir. Même si ensuite, l’ovation impressionnante pour les Bleus a fait oublier ces sifflets. Le public a en tout cas un peu paralysé les Pumas en première période et galvanisé les Français, qui ont mené 21-0 à la pause, avant de trembler en seconde.
« Tout est tellement exagéré, pense Juan, originaire de Mar del Plata et vivant en Espagne. Il n’y a pas de gros problèmes entre la France et l’Argentine. C’est très récent, à cause du foot. On a gagné la Coupe du monde, mais il n’y a pas tant de rivalité ». « Si, il y a une rivalité, corrige Jorge, croisé sur le parvis du stade avant le match. Les Français n’ont pas aimé qu’on ait gagné la Coupe du monde, et ce qu’a fait Martinez, le gardien, après (il avait défilé après le titre avec une poupée à l’effigie de Kylian Mbappé). Ce n’est pas du jeu. Donc on accepte les sifflets. De toute façon on ne peut pas répondre, on est trop peu. »
« C’est du folklore »
Biagio, originaire de Mendoza comme son ami Joaquin, mais vivant lui en France depuis 7 ans, dit aussi « comprendre la situation ». « On aurait fait pareil si les JO étaient chez nous en Argentine », sourit-il, avec son maillot des Pumas sur le dos. Le jeune homme revient sur le chant raciste envers les Français, partagé par le footballeur Enzo Fernández après le succès argentin en Copa America en juillet, qui a provoqué une polémique à la limite de l’incident diplomatique entre les deux pays.
« Ce chant, ce n’est pas bien, il faut l’avouer. En Argentine, on est habitué à ce genre de choses, mais au niveau international, ça ne passe pas. Il faut comprendre la culture argentine. Ce n’est pas que l’on est racistes. On utilise ce type de chants pour taquiner les autres pays. Au foot, même entre Argentins on s’insulte beaucoup, c’est un peu la culture des hooligans qu’il y avait en Angleterre. La bronca, c’est dans le folklore, on est habitués ! »
« La plupart des Argentins ne partagent pas le contenu de ces chants, assure Rodrigo, originaire de Buenos Aires et qui lui aussi habite en France depuis une dizaine d’années. C’est le foot, mais le rugby, ce n’est pas pareil. Il y a un autre esprit. Beaucoup de Français sont venus nous saluer avant le match. » Une bande de maillots bleus, chapeaux en forme de coqs sur la tête, passent d’ailleurs au même moment taper sur l’épaule de l’Argentin. Ce qui n’a pas empêché les sifflets du Stade de France juste après. Juste du folklore, donc. Qui pourrait bien durer un peu s’il y a d’autres confrontations franco-argentines lors de ces JO.