Les séances ont à peine commencé qu’elles s’étirent déjà. Vers 4 heures du matin, dans la nuit de vendredi à dimanche, , à l’Assemblée nationale, le Nouveau Front populaire est parvenu à rafler neuf des douze postes de secrétaires, s’assurant la majorité au sein du Bureau de l’Assemblée, chargé notamment de décider des sanctions contre les députés. Entre les vice-présidents et les secrétaires, ils sont désormais douze NFP sur 22 membres, soit la majorité absolue au sein de la plus haute instance exécutive de l’Assemblée. Le reste des sièges est divisé entre les groupes du camp présidentiel (cinq), la Droite républicaine (trois), et les indépendants de Liot (deux).
Cette configuration « va changer un peu l’ambiance de travail à l’Assemblée nationale », s’est réjouie à l’issue du scrutin la cheffe des députés LFI Mathilde Panot, dénonçant les sanctions contre son groupe sous la législature précédente, dont les plus sévères sont proposées par ce bureau. « Je vous assure que beaucoup de choses vont changer », a-t-elle lancé. « Nous sommes prêts à gouverner le pays », a-t-elle ensuite clamé sur X.
Le Rassemblement national n’est pas parvenu à conserver ses deux vice-présidences à l’issue d’un vote chaotique. L’élection des six vice-présidents qui suppléent à la présidente en cas d’absence a été fortement perturbée vendredi après-midi par un incident dès le premier tour. L’urne contenait dix enveloppes en plus que de votants.
Bourrage de bulletins ou enveloppes vides mises par mégarde ? Mathilde Panot a laissé entendre que les « scrutateurs titulaires étaient seulement RN et macronistes ». « Honte à ceux qui ont pratiqué cette fraude », a tonné dans l’hémicycle le député PS Jérôme Guedj, demandant une enquête et la révision des modalités de vote. Le vote a été annulé, et recommencé.
Ont été élus au premier tour l’ancienne vice-présidente Naïma Moutchou (Horizons), les députées LFI-NFP Clémence Guetté et Nadège Abomangoli, les députés du groupe La Droite républicaine (ex-LR) Xavier Breton, puis au second Annie Genevard (LR), ainsi que le ministre de l’Industrie démissionnaire Roland Lescure (Ensemble pour la République, ex-Renaissance).
Trois femmes ont été désignées questrices dans la soirée. « Je crois que c’est une première », a salué Yaël Braun-Pivet. Christine Pires Beaune (PS), Brigitte Klinkert (Ensemble pour la République) et Michèle Tabarot (La Droite républicaine), trois élues expérimentées, auront la charge de contrôler l’utilisation de son budget par le Palais-Bourbon. Le poste, déjà prestigieux, est accompagné de certains avantages matériels, comme un grand appartement de réception mis à disposition et des indemnités supplémentaires conférées, à l’instar des autres membres du Bureau.
Après ces deux scrutins qui ont écarté les députés RN des postes, Marine Le Pen a dénoncé vers minuit les « magouilles » des autres groupes qui se sont « accaparés l’intégralité des postes ». Elle a annoncé que son groupe ne participerait pas à l’élection des secrétaires, postes moins prestigieux mais qui permettent de prendre part aux décisions du Bureau. « Ces décisions rendent pour l’avenir les décisions de ce Bureau parfaitement illégitimes », a-t-elle également estimé.
Dans la nuit, sans candidat RN, les députés ont désigné Stéphane Peu et Mereana Reid Arbelot (Gauche démocrate et républicaine), Sébastien Peytavie, Sabrina Sebaihi et Éva Sas (tous trois membres du groupe Écologiste et Social), Gabriel Amard et Farida Amrani (tous deux LFI-NFP), Iñaki Echaniz et Sophie Pantel (tous deux PS), Lise Magnier (Horizons), Christophe Naegelen et Laurent Panifous (Liot).