La croissance résiste en France, mais pour combien de temps ? La Banque de France dit mercredi tabler sur une progression de 0,1 % du PIB au 2e trimestre, mais pointe une « incertitude » inédite depuis 2022 chez les chefs d’entreprise, liée au contexte politique.
Après avoir progressé de 0,2 % au 1er trimestre, le PIB croîtrait deux fois moins vite entre avril et juin, soutenu par un « rebond modéré » de l’activité en juin, écrit la banque centrale dans sa dernière enquête mensuelle de conjoncture.
Menée auprès de 8 500 entrepreneurs entre le 26 juin et le 3 juillet, l’étude fait surtout ressortir l’incertitude des chefs d’entreprise face au contexte politique, marqué par les élections législatives anticipées des 30 juin et 7 juillet. Ces dernières ont vu le Nouveau Front populaire (NFP) émerger en tête du second tour et le Rassemblement national nettement augmenter son contingent de députés, sans qu’aucune majorité claire ne se détache dans la nouvelle Assemblée nationale.
Une inquiétude à un niveau élevé
L’indicateur d’incertitude de la Banque de France, basé sur la récurrence de certains mots-clés dans les réponses des entrepreneurs, « atteint ses plus hauts niveaux depuis 2022, voire depuis 2021 dans le cas des services », souligne la banque centrale. « Il progresse dans tous les secteurs, et particulièrement dans les services (notamment le travail temporaire, l’hébergement-restauration, le transport, la publicité) où il était initialement le plus bas », détaille-t-elle.
« De nombreux chefs d’entreprise (…) mentionnent l’attentisme de la part des clients, un report des investissements, y compris ceux venant de l’étranger, ainsi qu’un gel des recrutements faute de visibilité sur les évolutions possibles des coûts salariaux », le NFP souhaitant augmenter le Smic de plus de 200 euros pour le porter à 1 600 euros net.
L’indicateur d’incertitude reste néanmoins en dessous du niveau atteint en 2020 lors des deux premiers confinements liés à la pandémie de Covid-19.
Les JO comme espoir
Cette montée en flèche de l’incertitude chez les entrepreneurs ne se reflète toutefois pas encore clairement dans l’activité du 2e trimestre, explique le chef économiste de la Banque de France, Olivier Garnier. Elle pourrait se matérialiser davantage au 3e trimestre, même si les Jeux olympiques et paralympiques devraient à l’inverse soutenir l’activité.
Selon la note de conjoncture de l’Insee publiée mardi, l’accueil en France du plus grand événement sportif au monde apportera une contribution de 0,3 point à la croissance du PIB au troisième trimestre, soit plus de la moitié de la progression attendue entre juillet et septembre (0,5 %).
Si Olivier Garnier anticipe un « effet positif » des Jeux olympiques (26 juillet-11 août) et paralympiques (28 août-8 septembre) sur l’activité, il ne se risque pas à avancer de chiffres, préférant commenter les évolutions de l’activité constatées au 2e trimestre.