Sur le parvis du lycée Jean-de-La-Fontaine, un gros centre d’examen du bac, dans le XVIe arrondissement de Paris, les mêmes interrogations tournent en boucle dans la bouche des élèves : « Alors ? Comment ça s’est passé ? ! Ça a été ? ! T’as réussi ? ! » Les premiers élèves sortent ce mardi de l’épreuve de philosophiefeuilles de brouillon à la main.
Au menu des séries générales et technologiques, quatre heures de composition, avec au choix deux sujets de dissertation ou une explication de texte. Milan, 18 ans, chaussures blanches et pull surdimensionnéa quitté la salle d’examen dès 11 heures, une heure avant la fin. Le lycéen prépare un bac S2TMD qui s’adresse aux élèves musiciens. Il a choisi l’explication du texte de Platon, sur les lois du vivre ensemble : « J’ai fini tôt mais ça s’est bien passé, c’était intéressant. On avait vu ce thème en cours donc j’ai bien aimé, dit-il avec le sourire aux lèvres. J’ai pris l’explication de texte, je suis meilleur là-dedans. »
Comme lui, Franklin, 17 ans, dans la voie générale, sort aux alentours de 11 heures. Pendant 3 heures, le candidat qui a pris en spécialité « arts » et « humanités, littérature et philosophie » s’est penché sur le premier sujet de dissertation : « La science peut-elle satisfaire notre besoin de vérité ? » « Magique ! Ça s’est très bien passé, s’enthousiasme-t-il. J’ai réussi à faire huit pages en 2h50. C’est un sujet passionnant que j’avais déjà travaillé. J’espère obtenir au moins 16/20, peut-être que le 20 est atteignable. » En tout cas, de quoi glaner quelques précieux points pour une mention : la philosophie compte pour 8 % de la note finale dans la voie générale, 4 % en voie technologique.
« J’ai peur d’avoir fait une réponse trop politisée »
Garance et Pablo, 17 ans tous les deux, ont rendu leur copie vers 11h30. Si elle a opté pour la dissertation sur la science, lui a préféré la seconde : « L’État nous doit-il quelque chose ? » Un sujet qui résonne avec l’actualité politique. « C’est le thème le plus simple, il revenait beaucoup au long de l’année », explique Pablo. Avant de regretter : « J’ai peur d’avoir fait une réponse trop politisée. Je pense avoir manqué de nuance, on va peut-être me le reprocher. J’ai plutôt critiqué, je n’ai pas fait dans l’analyse. »
Leur amie Livia, 17 ans, vient tout juste d’en finir. Elle prend part à la discussion. Comme Pablo, elle a choisi la dissertation sur l’État tout en essayant de ne pas laisser parler ses convictions : « J’ai essayé de rester neutre. Je l’ai déjà fait une fois lors d’un devoir en classe et j’ai regretté », soupire-t-elle, son sac de cours à l’épaule. Éviter d’exprimer des opinions : pour certains élèves, l’exercice n’a rien d’évident. La veille de l’épreuve, Pablo a délaissé ses révisions : « Cette nuit, je n’ai pas dormi, je suis allé en mission collage de tracts pour La France Insoumise. »
Pablo et Garance passeront ce mercredi matin la première de leurs deux épreuves de spécialité, des matières qui comptent deux fois plus que la philosophie, avec un coefficient de 16 chacune. Ils plancheront d’abord sur l’HGGSP (histoire-géographie, géopolitique et sciences politiques). Une matière qui leur réservera peut-être un sujet sur une autre actualité très discutée : les conflits israélo-arabes. « Si ça tombe, il faudra y aller avec des pincettes… », soufflent les deux amis.
Comme eux, plus de 390 000 lycéens en terminale générale et plus de 150 000 en voie technologique vont plancher sur le bac jusqu’au 3 juillet, dernier jour du grand oral. Le taux de réussite dépasse depuis 2012 les 80 %. L’an dernier, il a été de 90,9 %, en baisse de 0,2 point sur un an.