Filmé par ses camarades, il avait mangé une souris vivante. Trois élèves de classe préparatoire au lycée Thiers, établissement public d’élite marseillais, sont jugés ce vendredi au tribunal correctionnel de Marseille (Bouches-du-Rhône). Pour avoir « mis une souris vivante dans sa bouche et l’avoir mâchée jusqu’à la mort », l’un d’entre eux est poursuivi pour actes de cruauté ayant entraîné la mort d’un animalune infraction passible au maximum de 5 ans de prison et 75 000 euros d’amende. Le deuxième étudiant est, lui, poursuivi pour avoir filmé la scène et le troisième pour l’avoir diffusée sur les réseaux sociaux.
Les faits s’étaient déroulés en septembre 2023 lors d’une soirée sur une plage de Marseille. Un jeune homme, très alcoolisé, aurait accepté de relever le défi de mettre une souris vivante dans sa bouche, puis l’aurait mâchée, jusqu’à la mort de l’animal. Les images avaient suscité un tollé, notamment parmi les associations de défense des animaux.
Une première peine rejetée par le tribunal correctionnel
Les trois accusés avaient été entendus dans le cadre d’une procédure de reconnaissance préalable de culpabilité (CRPC) en mars. Lors de cette procédure, une peine est proposée par le parquet. Si celle-ci est acceptée par le prévenu, elle doit ensuite être homologuée en audience publique par un juge du siège. Deux des jeunes gens, âgés de 20 ans, avaient accepté la peine proposée. Mais le troisième, celui qui avait diffusé les images, l’avait refusée.
La juge du tribunal correctionnel de Marseille avait de toute façon refusé par la suite d’homologuer les peines proposées, estimant que « compte tenu de la nature des faits et de la diversité des plaignants, une audience correctionnelle est nécessaire ». Une dizaine d’associations de défense des animaux, présentes à l’audience de mars pour se constituer partie civile, s’étaient indignées des peines proposées, qualifiées d’« insignifiantes ».
« C’est ridicule » avait ainsi estimé Me Isabelle Terrin de l’association Rats-Cailles, pour la protection des rats et souris domestiques. Elle avait évoqué une proposition d’amende de 1 000 euros et une interdiction à vie de détenir un animal pour le jeune ayant mangé la souris, et 500 euros d’amende pour celui ayant filmé. Avocat de l’association « 30 millions d’amis », Me Xavier Bacquet s’était félicité d’une décision de « bon sens » du tribunal correctionnel de Marseille. « Avec ces vidéos de maltraitance animale on assiste à une banalisation de la souffrance. Or la banalisation de cette souffrance, quelle qu’elle soit, n’est pas acceptable et il faut la combattre », déclarait l’association dans un communiqué.
Les avocates des deux jeunes ont, elles, plaidé contre ce procès public. « Une telle décision les remettra au cœur de la tempête médiatique, cette humiliation publique (de la CRPC) est déjà une punition », a estimé Me Céline Dangauthier pour le jeune ayant mangé la souris, qui présentait un taux d’alcoolémie de 1,75 g le soir des faits.