Venu tout droit des vallées du Mississippi, il s’était fixé au beau milieu de la forêt d’Ermenonville (Oise) depuis plus de trois décennies, toujours à dos de cheval. Mohamed, dit « Momo », le grand chef indien de la Mer de Sablen’est plus. Le décès du cascadeur, annoncé ce mercredi par le parc d’attractions, a suscité une vague d’hommages, bien au-delà du département.
Les visiteurs se sont empressés de poster d’anciens clichés en compagnie de Momo tout en adressant leurs condoléances. En trente-six ans de présence à la Mer de Sable, le grand chef indien a touché plusieurs générations de spectateurs. « Je n’ai pas les mots, se désole Arnaud, sur les réseaux sociaux. Momo était d’une grande gentillesse et avait un charisme dingue. »
« Il était si gentil et accessible »
« Un grand homme toujours souriant que je voyais faire des cascades ou des photos quand j’étais petit, et vingt-cinq ans après, mes enfants ont la même vision de ce personnage emblématique, toujours le sourire et aussi gentil », commente Mickaël sur Facebook. « Il était si gentil et accessible à répondre aux mille et une questions après les spectacles, un passionné qui éblouissait nos petits et grands yeux de spectateurs si impressionnés par les spectacles », se remémore Élisabeth.
La mort du quinquagénaire a secoué le personnel du parc. Directeur général depuis trois ans du parc oisienAntoine Lacarrière salue la mémoire d’ « un homme de caractère avec un grand charisme, généreux, attentionné et très avenant envers les gens ».
Momo est arrivé au parc en 1988, à l’âge de 22 ans. Certains invoqueront le destin, lui a préféré justifier son début d’aventure par « le hasard ». Soudeur de métier, il voit passer une petite annonce. La Mer de Sable cherche un jeune homme sportif de moins de 26 ans. Il coche toutes les cases, sauf une : il ne sait pas monter à cheval. Pas grave.
Formé par le cascadeur Georges Branche, Momo apprend vite. « J’ai eu quinze jours pour apprendre à monter à cheval, j’ai appris sur le tas. C’était la vieille méthode, je regardais les autres, je faisais pareil, je tombais, je remontais », expliquait-il en avril dernier dans les colonnes du Parisien, en marge d’un article consacré aux 60 ans du parc.
« C’était le dernier cascadeur de la génération Jean Richard »
Il apprend ensuite la voltige et se transforme peu à peu en véritable acrobate équin. Une passion qu’il a ensuite transmise en formant bon nombre de cascadeurs. Permanent de la Mer de Sable à l’année, « c’est lui qui gérait les chevaux et la préparation des costumes de la saison suivante, se remémorent Bruno et Isabelle, deux salariés du parc qui cumulent quarante-cinq ans de présence à eux deux sur le site. Il faisait partie de la bande qui fait la mémoire du parc et c’était le dernier cascadeur de la génération Jean Richard, le créateur de la Mer de Sable ».
Le grand chef a même un temps habité sur le site avec une partie de l’équipe. « On vivait sur place, on mangeait ensemble, on faisait tout ensemble. C’était la petite famille », se souvenait-il en avril dernier. Le cascadeur à plumes s’est ensuite éloigné de la famille du parc pour fonder la sienne. Après une parenthèse de six années commencée en 2012, il a revêtu sa parure en 2018 pour faire, à nouveau, galoper son cheval sur le sable.
Certes, il ne pouvait plus réaliser toutes les cascades comme à l’époque, mais « il descendait la dune avec les quatre cavaliers et il continuait à faire du tir avec des flèches et un arc sur son cheval », insiste Antoine Lacarrière. Alors, au moment de lui rendre hommage, les idées se bousculent. « On est train de réfléchir pour l’honorer dans le parc, sans que cela devienne un sanctuaire. Car on ne veut pas que ce soit triste », poursuit le directeur général.
Après l’annonce de son décès, le flux d’hommages élogieux ne se tarit pas. Avec souvent les mêmes mots : gentil, authentique, accessible. Les anciens salariés, les spectateurs sur plusieurs générations, les visiteurs d’un jour… Tous ont tenu à dire un dernier mot à Momo. « Au nom de tous, merci Momo, repose en paix, commente un internaute. Tu es et tu resteras une légende. »
