Fin janvier, Louise rentre chez elle, attrape son courrier en passant dans le hall de son immeuble du XIXe arrondissement de Paris. « Comme d’habitude, plein de prospectus d’agences immobilières, de catalogues de supermarchés… Et puis ce courrier un peu plus lourd, dans une enveloppe violette plutôt jolie, m’intrigue. » Dans l’enveloppe, un ouvrage « un peu bizarre », « bien kitsch », retient son attention.
« Je l’ai posé sur ma table de chevet en me disant qu’il fallait que j’y regarde de plus près, mais ça faisait clairement bouquin de secte », observe la jeune femme. Et Louise n’est pas la seule à s’être posé des questions sur cet ouvrage. « J’ouvre ma boîte aux lettres, je trouve un livre pour me guider vers le chemin de Dieu après avoir été perdu et souillé », raconte ce Parisien sur X. Un autre lui confirme avoir reçu la même chose.
Olivier habite, lui, rue Sidi-Brahim dans le XIIe arrondissement. Un soir, en revenant de la boulangerie, il croise des « livreurs tirant une remorque pleine d’enveloppes violettes qu’ils distribuent dans les immeubles ». Sans avoir l’air tellement au courant de ce qu’il est en train de faire, l’un d’eux lui confie qu’il s’agit de courriers distribués par la mairie, mais il évite les boîtes aux lettres marquées par l’étiquette Stop Pub. Interloqué, Olivier récupère une enveloppe. « Je l’ai ouverte dans l’ascenseur, la couleur violette, la photo d’enfant… Je me suis dit que c’était un livre de témoin de Jéhovah. » Curieux, il l’a tout de même feuilleté mais l’a aussitôt mis à la poubelle.
Sur la quatrième de couverture, un prix indiqué de 9,58 euros, mais l’ouvrage a bien atterri gratuitement dans les boîtes aux lettres de centaines de milliers d’habitants de la capitale. 670 000 au total. C’est en tout cas ce que semble indiquer sur son compte X Mission Valley Community Chapel, une église située à San Diego, en Californie (États-Unis).
L’auteur veut « évangéliser Paris »
Le 31 décembre dernier, Tom Cantor, l’auteur du livre, a prononcé un sermon sur cette page, indiquant son vœu d’évangéliser Paris en cette nouvelle année sur le point de commencer. Un cadeau dont certains se seraient sûrement passés. Tom Cantor est un évangéliste américain et dans son livre « Transformé », une autobiographie particulièrement mal traduite de 85 pages, le Californien entend raconter son parcours de croyant.
En feuilletant l’ouvrage autoédité, difficile de savoir où l’auteur veut en venir. En préambule, Tom Cantor précise qu’il invite le lecteur « à le rejoindre dans son voyage personnel ». Le fondateur du laboratoire Scantibodies y raconte qu’il se considère comme un juif qui croit en Jésus-Christ. En mars 2022, il déclarait au « New York Post » avoir écrit « Transformé » en 2010, année durant laquelle des médecins lui auraient diagnostiqué un cancer.
L’évangéliste n’en est pas à son coup d’essai. En février 2023, d’après le média en ligne « Block Club Chicago », le livre religieux de Tom Cantor avait mystérieusement atterri dans les boîtes aux lettres des habitants de Chicago. Et selon le « New York Post », en mars 2022, des New-Yorkais avaient eu la même surprise. Avant eux, les habitants de Detroit, Saint-Louis ou encore Portland avaient été ciblés.