Dépassements par la droite, freinages intempestifs, queues de poisson… Chaque jour, le risque de chutes et de collisions augmente sur les pistes cyclables. Aux heures de pointe, la disparité entre les différents types de véhicules (trottinettes, vélos électriques, musculaires, cargos, gyropodes… ) rend le périple compliqué, voire carrément chaotique. Attentifs à ces changements, certains utilisateurs optent pour le casque intégral. « Je suis conscient des risques, donc j’utilise mon casque de moto, pour faire mon trajet vélotaf, tous les jours de Drancy aux Champs-Élysées », explique Matthieu, un jeune développeur de 22 ans. Sur le canal de l’Ourcq, avec son modèle imposant, aux étoiles américaines, Matthieu fait encore figure d’ovni.
Pourtant, d’autres utilisateurs lui emboîtent le pas. Marc, un ancien motard qui a basculé vers le vélo, a investi dans un casque de VTT. « C’est un casque de descente, avec protection de la mâchoire. Je l’ai payé 400 euros, mais je ne le regrette absolument pas, surtout depuis ma chute au mois de décembre. J’ai évité un piéton et j’ai vu le trottoir arriver à toute vitesse. Lorsque ma mâchoire a heurté le trottoir, j’étais bien trop heureux d’avoir ma mentonnière ».
L’expérience est moins concluante pour notre collègue Hélène, journaliste au Parisien. « Je suis tombée alors que je me déplaçais à vélo pour un reportage. J’avais la bouche en sang ». Choquée par son accident, Hélène a immédiatement acheté un casque intégral. Mais à l’usage, elle le regrette, « Quand je tournais la tête, je ne voyais rien en effectuant mes contrôles. Je l’ai revendu. C’était un achat coup de tête », déclare-t-elle, mais qui lui aura permis dans un premier temps de remonter en selle sans trop d’appréhensions.
Des contraintes à dépasser
Pour un usage en ville, plusieurs contraintes apparaissent, comme le poids, l’encombrement et le prix qui rebutent les utilisateurs. Un modèle intégral pèse entre 800 et 1 200 g, contre 300 à 600 g pour un casque simple sans protection de la mâchoire. Ensuite le prix. Les premiers modèles commencent à 80 euros contre environ 20 euros pour un modèle classique. Certaines start-up réfléchissent d’ailleurs à des casques intégraux urbains, plus légers et moins volumineux. Le modèle Virgo, développé par Beams, sortira au mois d’avril. « On a laissé l’emplacement des oreilles assez ouvert, pour éviter cette sensation d’étouffement du casque de moto et la mentonnière est plus fine, moins envahissante », détaille son concepteur Jean-Baptiste Petricoul.
Aujourd’hui, il n’existe pas d’études sur l’effet protecteur du casque intégral de vélo par rapport au casque classique. Mais ce que l’on sait, c’est que chez les motards, le port du casque intégral réduit jusqu’à trois fois le risque de blessures maxillo-faciales (étude épidémiologique publiée en 2019, Dan Wu, Marine Dufournet, Jean-Louis Martin). 70 % d’entre eux ont d’ailleurs choisi de porter un casque intégral selon la Mutuelle des motards. À vélo, 30 % des cyclistes portent toujours un casque, 23 % en portent parfois et 47 % n’en portent jamais (étude Omnibus réalisée du 19 au 20 janvier 2022 par YouGov). Pour les porteurs de casque de vélo classique, ce dernier réduit tout de même de 30 % le risque de blessures sur le haut et le milieu du visage (analyse de Hwang K, Jeon YM, Ko YS, Kim YS, publiée en 2015). Sans mentonnière le bas du visage n’est jamais protégé.
En 2022, selon l’Union Sport et cycles2,5 millions de casques de vélo ont été vendus en France. Le détail entre les casques classiques et les intégraux ne nous a pas été communiqué. Lors de notre reportage chez, Culture vélo, dans le XIIe arrondissement de Paris, Jean-Olivier, son directeur évoque une nette différence, « Je vends en moyenne 10 casques intégraux par mois et une centaine de casques classiques » détaille Jean-Olivier, tout en précisant que la demande pour cet équipement augmente depuis deux ans, surtout chez les propriétaires de trottinettes et vélos électriques.