« Sur l’affaire à laquelle vous faites allusion, je suis très sereine. » La ministre de la santé, Agnès Firmin Le Bodoépinglée pour des cadeaux illicites reçus dans le cadre de sa profession de pharmacienne, a réfuté tout « conflit d’intérêts » dimanche en marge d’une visite au CHU de Rouen.
La ministre fait l’objet d’une enquête judiciaire pour avoir reçu, en tant que pharmacienne au Havre, des cadeaux des laboratoires Urgo, qui lui auraient été offerts de 2015 à 2020 pour une valeur totale de 20 000 euros, selon Mediapartqui a révélé l’affaire le 21 décembre. « Comme 8 000 de mes anciens confrères, je vais être entendue dans l’affaire dite Urgo. Je préfère répondre sur le fond aux autorités compétentes, les réseaux sociaux ne sont pas les juges », a-t-elle poursuivi.
Pour elle, dans cette affaire, « il n’y a ni conflit d’intérêts, ni avantage en nature, ni cadeau, il y a des négociations commerciales ». A-t-elle songé à démissionner à la suite de ces révélations ? « Peut-être », a répondu celle qui a remplacé Aurélien Rousseau, avant de répéter être « très sereine sur le fond de l’affaire ».
De nombreux pharmaciens concernés
Les cadeaux étaient proposés par Urgo contre une renonciation du pharmacien à une remise commerciale de la part du laboratoire à l’officine : cette pratique interdite a concerné un grand nombre de pharmaciens et le laboratoire a été condamné en janvier 2023 à une amende de 1,125 million d’euros – dont 625 000 euros avec sursis – par le tribunal correctionnel de Dijon, après une enquête de la répression des fraudes (DGCCRF). Selon des sources professionnelles, la DGCCRF enquête sur tous les pharmaciens ayant accepté ces cadeaux (montres, magnums de champagne, cocotte en fonte, coffrets week-end,…).
Agnès Firmin Le Bodo, jusqu’alors ministre déléguée chargée de l’organisation territoriale et des professions de santé, a été nommée le 20 décembre ministre de la Santé par intérim après la démission d’Aurélien Rousseau pour désaccord sur la loi immigration.
La ministre a par ailleurs qualifié de « stérile » la polémique sur l’appel aux dons pour l’acquisition d’un scanner à l’hôpital Pompidou de Paris. « Depuis 2015, l’hôpital Pompidou dispose d’une fondation qui fait appel régulièrement aux dons, a-t-elle rappelé. C’est un système qui fonctionne bien. Cela permet d’accompagner les investissements forts des hôpitaux parisiens (…) L’État ne se désengage pas, c’est bien tout le contraire. »