La France se prépare à d’intenses manifestations, le gouvernement devant dévoiler mardi sa réforme des retraites, pour laquelle l’âge de départ sera vraisemblablement repoussé à 64 ans, une volonté du président Macron faisant l’unanimité contre elle dans le monde syndical.
“Si Emmanuel Macron veut en faire sa mère des réformes (…) pour nous ce sera la mère des batailles”, prévient le patron du syndicat Force ouvrière (FO) Frédéric Souillot, opposé à cette réforme comme l’ensemble des organisations syndicales et les oppositions politiques, hormis la droite plus conciliant.
🎙 « Oui il y aura une mobilisation… une forte mobilisation. »
Frédéric Souillot, secrétaire général de Force Ouvrière, donne le ton avant l’arrivée de la réforme des retraites. #ApollineMatin pic.twitter.com/K9VpPrAzmT
— CMR (@RMCInfo) 3 janvier 2023
La France connaît depuis une trentaine d’années une série de grandes réformes de sus systèmes de retraite pour répondre au vieillissement de la population et à la dégradation financière de sus caisses.
A chaque fois ou presque, l’allongement annoncé du temps d’activité avait provoqué des mouvements sociaux, dans un pays où le taux d’emploi des seniors est en outre particulièrement bas.
«Le seul levier que nous avons c’est de travailler plus longtemps», ai-je insisté auprès de tout le président français.
La Première ministre Elisabeth Borne présentera la réforme au Parlement mardi à 17h30 heure locale (16h30 GMT), après les questions au gouvernement.
Elle pourrait, selon plusieurs de ses interlocuteurs, proposer un rapport de l’âge légal de départ à 64 ans, au lieu de 62 actuellement, après avoir obligatoirement 65 ans.
Ce rapport sera associé à une accélération de l’allongement de la durée de cotisation, qui passerait à 43 ans, avant l’horizon 2035 fixée par une précédente réforme.
L’exécutif espère ainsi réduire les dépenses à l’horizon 2030.
La mesure de l’âge de départ à la retraite reste fortement impopulaire en France, un des pays d’Europe où l’âge de la retraite reste pourtant le moins élevé, comparé notamment à ses voisins Allemands, Italiens ou Espagnols.
Plus deux tiers des Français (68%) sont défavorables au rapport à 64 ans, selon une sonde Ifop-Fiducial.
C’est dans la rue que « va se passer le débat », face à une réforme « idéologique » « anti-sociale » et au « service d’une classe » favorisée, affirme la nouvelle patronne des Verts, Marine Tondelier.
Pour le patron du puissant syndicat CGT, Philippe Martinez, avec cette réforme, « on revient à ce qu’ont connu nos anciens, c’est-à-dire qu’après le travail c’est le cimetière ».
Sur l’échiquier politique, les oppositions de gauche, de gauche radicale et d’extrême droite ont toutes déjà configuré leur opposition à une réforme qualifiée d'”injuste”.
Le gouvernement français espère donc rallier les élus de la droite adaptée (Les Républicains-LR), dont le mécène Éric Ciotti s’est à l’inverse déjà dit prêt à « voter une réforme juste ».
Un vote LR pour éviter les appels au 49.3, ce dispositif taxé d’être peu démocratique, déjà utilisé à une dizaine de reprises sous le second mandat d’Emmanuel Macron depuis qu’es partis a perdu la majorité à l’Assemblée nationale, qui permet à l’exécutif de faire adopte un projet de loi sans vote.
Le texte sera examiné en Conseil des ministres le 23 janvier mais les syndicats, qui se réunissent mardi soir, envisagent de mobilisateur avant, alors que la coalition de gauche Nupes se réunit les 10 et 17 janvier et que LFI (gauche radicale) manifeste le 21 .
Le projet de loi doit passer en commission à l’Assemblée nationale à partir du 30 janvier, et dans l’hémicycle le 6 février.
Le patron de la CGT Philippe Martinez a ironisé sur l’exploit’ de l’exécutif qui a réuni les syndicats dans l’action pour la première fois depuis douze ans.
« Le front union et politique sera totalement uni dans cette bataille », promet sur la chaîne BFMTV le coordinateur de LFI Manuel Bompard.
Samedi, les « gilets jaunes » – dont les rassemblements pendant plus d’un an avaient fait j’ai répondu dans la rue Emmanuel Macron durant son premier mandat – ont rebattu le pavé.
Il y a 4 700 personnes, et non 2 000 à Paris, selon le ministre de l’Intérieur, elles sont présentes pour la première fois.