Conseil de Paris : organisation des JO, « métros bondés » et végétalisation de la capitale, revivez les débats

Le plan Arbre 2021-2026 s’invite au débat, par un vœu déposé par le groupe Changer Paris sur les chiffres annoncés par la Ville de Paris. 

« L’open data ressence 2 306 plantations d’arbres entre novembre 2022 et octobre 2023, là où vous en annoncez dix fois plus. Ce qui devait être transparent est en réalité flou. Que plantez-vous donc à Paris ? », interroge Anne Biraben. 

La donnée présentée (en ligne) ne concerne qu’une partie des arbres dont la Ville a la gestion : les arbres dans les rues, les équipements municipaux, les espaces verts. Mais pas les arbres de nos bois. Nombreux arbres ne sont donc pas comptabilisés et des décalages peuvent apparaître », argumente Christophe Najdovski, adjoint à la maire de Paris en charge de la végétalisation de l’espace public. L’an dernier, « nous avons planté 800 arbres dans les rues de Paris, ce qui n’avait jamais été fait. » 

Une délibération propose la renaturation de l’héliport situé avenue de la Porte de Sèvre (XVe), à l’aide d’un financement européen. « Cette délibération s’inscrit dans le prolongement de la réhabilitation de l’Aquaboulevard, du désenclavement du quartier des Frères Voisin et de la reprise d’une partie de l’emprise de l’héliport pour agrandir le parc Suzanne Lenglen », rappelle Aminata Niakaté (Les Ecologistes). « Un espace rendu aux riverains. » 

L’élue alerte néanmoins sur le projet de taxis volants. « Nous pensons que ce projet est une chimère et fort heureusement il n’est pas prêt de devenir une réalité à courts termes. » 

Le groupe Indépendants et Progressistes dépose un vœu afin que Paris candidate au label « Quiet » pour la zone concernée par le réaménagement du Canal Saint-Martin (Xe). 

« La pollution sonore est au cœur des problématiques parisiennes. Un enjeu majeur. A Paris, nous assistons à la multiplication des nuisances sonores, à une forte augmentation de témoignages d’associations », souligne Pierre-Yves Bournazel. 

L’élu souhaite que « le nouveau projet du Canal Saint-Martin soit une opportunité afin d’apporter de la tranquillité aux riverains ». Le label pourrait permettre des dispositifs innovants de lutte contre les nuisances. 

Contrôle des bars et restaurants, verbalisations : les policiers sont intervenus à 54 reprises pour tapage en 2023. Un secteur qui l’objet « d’une vigilance importante », indique la préfecture de police. 

« Chaque fois que nous pointons vos défaillances, vous nous répondez que nous ne comprenons rien », lâche David Alphand (Changer Paris) à l’exécutif. « Je pensais que l’adjoint en charge de la transition écologique (Dan Lert, ndlr) était trop occupé à calculer le bilan carbone des voyages de madame Hidalgo à l’autre bout du monde. On aurait pu imaginer qu’il ait un avis sur le sujet. On ne l’a jamais entendu. C’est le crash test des écolos à l’exercice du pouvoir. Vous voyez vos convictions s’effondrer ». 

Nos efforts portent leurs fruits. Les déchets ménagés et assimilés en kg par habitant sont en baisse de 3 % en 2022 par rapport à 2019. La tendance de réduction est bonne et se poursuit. Le tri aussi, + 10 % de déchets collectés dans les bacs jaunes sur la même période. Des chiffres donnés par Antoine Guillou, adjoint à la mairie de Paris en charge de toutes les questions relatives à la propreté de l’espace public, à la réduction des déchets, au recyclage.

Par ailleurs, des centaines de bacs seront mis à disposition dans les rues de la capitale en 2024. Ils seront dédiés uniquement aux biodéchets alimentaires. A lire dans notre article. 

Le sujet des transports en commun revient sur le table et notamment le prix du passe transports qui devrait être fixé à 70 euros par semaine pendant les Jeux de Paris 2024. Le fruit, « d’une gestion désastreuse des transports franciliens impulsée par la droite régionale », conteste Jean-Philippe Gillet (Communiste et Citoyen). 

« Les Parisiens devraient être les premiers bénéficiaires de ces Jeux. Un simple exemple : les billets. La Ville a acheté 50 000 billets grâce aux contribuable parisien qui a aujourd’hui le sentiment d’être le figurant d’un spectacle organisé par madame Hidalgo. (…) Les Parisiens sont de plus en plus résignés à rester devant leur écran ou à quitter Paris », déclare Rudolph Granier (Changer Paris) lors de son intervention sur l’organisation du grand événement olympique. 

Face aux « multiples allégations de monsieur Granier », répond Pierre Rabadan, l’élu évoque « la totale transparence » des projets pilotés par la Ville dans la préparation des Jeux. 

Une « Pride House », ou Maison des Fiertés (avec un versant digital) sera installée dans la capitale, dans un lieu fixe et central – encore non communiqué par la Ville de Paris -, pendant les Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024, indique Pierre Rabadan, adjoint (PS) à la maire de Paris en charge des sports et des JO. « On veut promouvoir le drapeau LGBTQIA+ à l’occasion des Jeux, le rendre visible, promouvoir des valeurs de lutte contre les discriminations. 

« L’héritage des Jeux olympiques et paralympiques, c’est le refus de la haine et de la barbarie. Une vision du sport qui rassemble la fraternité humaine. Paris, elle aussi, a payé un lourd tribu face au terrorisme. En honorant la mémoire et l’héroïsme de Moshe Weinberg (lutteur israélien assassiné par des terroristes lors de la prise d’otages de 12 athlètes pendant JO du Munich en 1972), Paris se souvient de toutes les victimes de tous les actes terroristes. Paris est fidèle à l’idéal olympique », déclare Jack-Yves Bohbot (Changer Paris). Le gymnase Jean Leclaire (XVIIe) se voit attribuer la dénomination Moshe Weinberg.

C’est la proposition de Laurent Sorel (Non inscrit). « Aucune justification aux crimes de guerre du Hamas, mais aucune justification non plus aux crimes de guerre qui ont suivi dans la bande de Gaza : plus de 18 000 morts, plus de 50 000 blessés, plus de 50 journalistes tués et 85 % des 2,4 millions de Gazaouis déplacés. Pour l’armée israélienne il n’y a plus que deux types de civils : soit des complices du Hamas, soit des boucliers humains. Le résultat de cette logique est un véritable nettoyage ethnique », a déclaré l’élu. Et d’ajouter : « Hier, Paris a voulu rendre hommage aux victimes israéliennes du 7 octobre en allumant la tour Eiffel aux couleurs du drapeau israélien. Aujourd’hui, je vous propose de rendre hommage aux victimes civiles palestiniennes en l’éteignant. » 

Le vœu a été rejeté. 

Dernière ligne droite dans ce Conseil de Paris de fin d’année. Quelques délibérations sont encore à débattre, nous les suivons avez vous.

Nous marquons une pause, la séance va s’interrompre avant de reprendre en début d’après-midi pour les dernières délibérations de l’année 2023. Bon appétit !

Au sujet de l’avenir de la Maison de l’Air (XXe), qui fait l’objet d’une concertation pour décider de son avenir, l’élu François-Marie Didier (Changer Paris) craint qu’elle devienne une nouvelle « Académie du Climat ». « Le groupe Changer Paris nous explique cette fixation qu’il fait sur l’Académie du Climat, cette stigmatisation d’une institution incroyable qui a un succès phénoménal. Nombres de collectivités en France viennent la visiter pour la dupliquer sur leurs territoires. C’est une institution unique en France. Je ne comprends pas pourquoi vous faites une fixation » à son sujet, défend Patrick Bloche (Paris en Commun), qui préside la séance en cette milieu de journée. 

Face aux démarches dispersées des services relatifs aux activités périscolaires, restauration scolaire et autres activités extrascolaires, le groupe Changer Paris propose « la création d’un guichet unique à Paris où les parents pourraient s’informer, inscrire leurs enfants aux différents services, gérer les paiements en ligne et obtenir les contacts nécessaires en cas de besoin », présente Samia Badat-Karam 

L’élu du groupe Paris en Commun Emmanuel Coblence dresse une situation très dégradée des transports en commun à Paris. « Métros bondés, quais bondés, conditions de trajet très dégradées… Pour les voyageurs du métro et du RER, les incidents sont désormais si nombreux qu’ils en deviennent quotidiens sur beaucoup de lignes. L’augmentation du nombre de malaises en raison de l’affluence est la cause des 10 % des trains supprimés sur la ligne 7 par exemple. La circulation des bus est catastrophique, non pas à cause des chantiers, mais d’un manque d’anticipation, de personnel. Malgré cette situation qui se dégrade pour tous les Franciliens, la présidente de région a annoncé une forte hausse du prix du ticket pendant les JO, sans parler de l’augmentation de 12 % du passe Navigo au 1er janvier dernier. »

Le groupe propose la mise en place d’un passe Navigo « classe scolaire » pour les sorties scolaires et périscolaires. « Un courrier a été adressé à la présidente de région, sans réponse », constate Patrick Bloche (PEC). 

Une subvention de 80 000 euros pour 13 associations qui accompagnent les parents d’élèves, afin de les aider à mieux communiquer avec leurs adolescents est votée. « Les réseaux sociaux jouent un rôle dramatique dans le quotidien des adolescents, d’où cette question sur l’accompagnement des familles d’ados comme par exemple comment mobiliser les élèves après l’école.  Les émeutes de juin ont démontré qu’il était urgent de renouer avec un vrai soutien scolaire après la sortie des classes », commente Delphine Malachard des Reyssiers (Changer Paris). 

« La qualité de la restauration scolaire est une priorité forte de notre exécutif, martèle Emmanuelle Pierre-Marie (Paris en Commun). Il faut une volonté politique forte qui est pleinement incarnée au niveau parisien. Nous avons le devoir de pousser à la formation de l’ensemble des agents pour une alimentation durable et saine. » 

L’élue, maire du XIIe cite l’exemple de sont arrondissement dans lequel « 100 % des fruits sont issus de l’agriculture biologique » et rappelle l’objectif de « 100 % d’alimentation bio et durable d’ici 2026 ». 

Dans la capitale, certains enfants se plaignent toutefois de ne pas manger assez à la cantine. Les caisses des écoles rappellent que les menus sont adaptés et élaborés avec les parents et les élèves. A lire dans notre article. 

A Paris, « ce sont près de 6 500 faits de violences conjugales qui ont été portés à la connaissance des services de police en 2022, soit une augmentation de 20 % par rapport à 2021 », souligne Hélène Bidard (Communiste et Citoyen). Les violences doivent alerter sur les risques de féminicide ». 

Dans la capitale, « nous prenons nos responsabilités : 17 555 victimes de violences conjugales qui sont accompagnées par les associations ». Depuis 2020, « elles peuvent être accueillies dans les trois nouvelles structures spécialisées qui composent avec d’autres la maison des femmes de l’AP-HP, une expérimentation très importante que nous vous proposons de reconduire ». 

 « La Seine peut constituer un rempart face à l’urgence climatique », souligne Emmanuel Coblence (Paris en Commun) lors d’une délibération au sujet de la convention avec Voies Navigables de France – qui assure la gestion du fleuve et des canaux parisiens – et la Ville. « Le fleuve est un atout dans la lutte contre le changement climatique, il représente une opportunité de décarboner la logistique urbaine et limiter le trafic routier. Il est possible de désengorger la voirie parisienne. » L’élu rappelle aussi les améliorations en matière de qualité de l’eau qui mèneront à l’ouverture de sites de baignade à l’été 2025. Un an après des épreuves dans la Seine lors des Jeux de Paris 2024. 

Dans l’actualité politique parisienne et en parallèle de ce Conseil de Paris, la maire socialiste de la capitale a reçu un prix ce jeudi. L’édile a été nommée lauréate du prix 2023 de l’Urban Land Institute des « visionnaires du développement urbain ». Pour son action afin de faire de Paris « ville plus saine, plus inclusive et plus agréable à vivre ». 

« La Ville est propriétaire d’un grand nombre de locaux. Par ailleurs, les associations parisiennes qui jouent un rôle essentiel pour la solidarité, la culture et autres, ont un besoin d’accéder à des locaux. Cette délibération est importante, celle du partage des locaux municipaux », porte Sylvain Raifaud (Les Ecologistes). 

Une délibération « inopportune dans le Ve », estime toutefois Florence Berthoux, maire d’arrondissement. « Les directeurs scolaires, de crèches, sont opposés à ces ouvertures », illustre-t-elle. Soulignant, au passage, « une politique de mise à disposition extrêmement généreuse dans la mairie ». 

« Depuis plusieurs mois, les projets d’extension de l’institut Curie dans le Ve arrondissement indigne les Parisiens. Un site déjà très dense. 

Désormais, c’est au tour du Pavillon des sources de Marie Curie d’être menacé pour être remplacé par un immeuble de bureaux de 5 étages », conteste Anne Biraben (Changer Paris). « Il ne restera plus de traces matérielles de sa mémoire à Paris, seulement sa tombe au Panthéon. » 

« Les architectes favorables ont émis un avis favorable (au projet) considérant que le bâtiment n’avait aucun intérêt patrimonial et Marie Curie n’y a jamais travaillé », argumente Emmanuel Grégoire. 

Jean Laussucq (Changer Paris) estime que le calendrier du Grand Palais éphémère et la date de son départ effectif « restent très flous », et « souhaite pouvoir disposer d’une information exhaustive » sur l’installation de cette structure sur le Champ-de-Mars (VIIe). L’objectif, par ce vœu, « de pouvoir travailler à la restauration et au réaménagement du plateau Joffre et ses abords qui ont été dégradés par les années d’exploitation du Grand Palais éphémère ». 

Le centre culturel Pompidou va subir d’importants travaux. Le bâtiment va donc fermer pendant 5 ans à partir de l’été 2025. Et les activités déménagent dans plusieurs sites franciliens. Des choix faits « par la direction sans concertation par les représentants syndicaux qui souhaitaient rester sur un site unique temporaire », rapporte Jean-Philippe Gillet (Communiste et Citoyen). 

« Il n’existe pas de possibilités matérielles de maintenir toutes les activités sur un site unique. Il faudrait plus de 100 000 m2. Cela n’existe pas en disponible à Paris. Nous entretenons les meilleures relations avec le centre », souligne Emmanuel Grégoire, premier adjoint (PS) à la mairie de Paris. 

Ce jeudi après-midi, la séance a été suspendue à trois reprises, à la suite à des tensions entre la droite et la gauche. Le communiste Ian Brossat a dénoncé les propos de Francis Szpiner (Changer Paris), qui a accusé le parti du sénateur de complaisance avec l’antisémitisme et le terrorisme islamiste.

Deux principaux dossiers ont animé les discussions de ce Conseil de Paris de fin d’année. Le premier, le budget 2024 de la Ville de Paris. Avec plus de 11 milliards d’euros de budget, la municipalité aspire à améliorer la vie des plus précaires, lutter contre le réchauffement climatique pour faire de la capitale une ville plus « durable et sociale ».

Second sujet de taille : l’adoption du plan climat 2024-2030. Cette feuille de route est constituée de 400 préconisations pour adapter la capitale aux changements dus au réchauffement climatique. Les 64 amendements proposés par la droite ont été rejetés. 

C’est parti pour une dernière journée de débats à l’Hôtel de Ville. Suivez avec nous les échanges. Bonne journée !