Le géant pharmaceutique français Sanofi dans le collimateur du Parquet national financier (PNF). Une enquête préliminaire a été ouverte en mars pour « diffusion d’information fausse ou trompeuse et manipulation de cours, confiée à la brigade financière » et porte « sur la communication financière du groupe Sanofi », a indiqué une source judiciaire à l’AFP, confirmant des informations du média La Lettre.
Selon ce dernier, les faits concernent la communication financière du laboratoire sur l’un de ses médicaments vedettes : le Dupixent. Selon l’Autorité des marchés financiers, constitue une manipulation de cours, « le fait d’effectuer des opérations ou d’émettre des ordres qui donnent ou sont susceptibles de donner des indications fausses ou trompeuses sur l’offre, la demande ou le cours d’instruments financiers ».
Sollicitée, la source judiciaire n’a pas indiqué si des perquisitions ou gardes à vue avaient eu lieu à ce jour dans le cadre de cette enquête. Interrogé par l’AFP, le groupe a affirmé ne pas être « au courant » d’une enquête.
Utilisé notamment pour traiter l’asthme et l’eczémale Dupixent (de son nom scientifique dupilumab) est un blockbuster, c’est-à-dire un médicament qui rapporte plus d’un milliard d’euros par an au laboratoire. Outre la dermatite atopique et l’asthme, Dupixent est également approuvé dans différents pays dans le traitement de la polypose nasosinusienne (pathologie des sinus), ou encore de l’œsophagite à éosinophiles (maladie chronique de l’œsophage).
Les bons résultats du Dupixent
Dès son arrivée au poste de directeur général du groupe en 2019, le Britannique Paul Hudson a misé sur le potentiel du Dupixent, avec l’objectif d’élargir les ventes et d’obtenir de nouvelles autorisations thérapeutiques. Les résultats sont fulgurants : les ventes, qui étaient de l’ordre de 380 millions d’euros au troisième trimestre 2019 grimpent à 2 milliards d’euros fin 2019. Et le médicament est commercialisé dans 34 pays contre 18 pays à l’arrivée de Paul Hudson. Entre 2020 et 2021, elles passent de 3,5 à 5 milliards d’euros.
Au troisième trimestre, Dupixent « s’approche des 11 milliards d’euros de ventes en rythme annuel », a indiqué fin octobre le directeur général Paul Hudson à l’occasion de la présentation des résultats trimestriels. Les investisseurs s’interrogent toutefois sur la dépendance du groupe à ce médicament phare dont le brevet tombera en 2031.