Obligée de se mettre en mode avion. Dans une vidéo, Maeva Ghennam, influenceuse forte, entre autres, de 3,2 millions de fans sur Instagram et 3,5 millions sur TikTok, montre que son téléphone n’arrête pas de sonner lorsqu’elle se remet en réseau. Des bips en rafale et autant de notifications indiquant des menaces de mort, de viol, et des propos racistes. La conséquence de sa prise de position en faveur des Palestiniens.
Après l’attaque terroriste du Hamas du 7 octobrel’influenceuse s’est exprimée expliquant : « Je suis contre les guerres. Je suis contre ce qui se passe. Ce qui est arrivé à Israël, je ne suis pas du tout d’accord avec ça, mais on en parle de tous les morts qu’il y a en Palestine ? On en parle du fait que tous les jours, ils délogent des Palestiniens de leur propre maison, là où ils ont grandi ? On en parle de tous ces morts-là ? »
Et d’ajouter : « Alors, oui, ça me fait de la peine ce qu’il s’est passé en Israël, mais j’ai aussi de la peine pour ce qu’il se passe en Palestine (…) Pourtant, vous savez que je n’ai rien contre les juifs mes bébés. Je suis amie avec des juifs, j’ai déjà fait Shabbat, j’ai déjà été deux fois en Israël. Je suis musulmane pratiquante et pourtant j’ai des amis juifs. »
Son numéro de téléphone partagé sur certains groupes WhatsApp
Les messages sur son téléphone ont été immédiats. Quelques exemples retranscrits comme ils ont été écrits : « Si tu es d’accord tu es une terroriste aussi salle chienne », ou encore « arrête de défendre ton pays de m… défend Israël c’est pas nous qu’on a attaqué en premier (…) dans deux jours y a plus de Palestine, plus de gaza y a plus rien connasse », « on va te brûler avec tes propos », « sale arabe de m… ». C’est sur certains groupes WhatsApp que se partage la fiche de contact de l’influenceuse avec son numéro de téléphone.
« Ma cliente est aujourd’hui la cible d’un véritable raid numérique constitué de milliers d’appels ainsi que de plusieurs centaines de messages sur des réseaux sociaux différents, décrit Me Ilyacine Maallaoui, l’avocat de Maeva Ghennam. Ces derniers constituent pour une grande partie d’entre eux, des menaces de mort dont le caractère raciste est explicitement affiché. Un tel déferlement de haine suite à une simple prise de paroles pose nécessairement un certain nombre de questions. Notre arsenal pénal nous permettra, d’une part de poursuivre l’intégralité de ces auteurs et d’autre part de leur rappeler que l’impunité numérique est une illusion et que la paternité de tels propos entraîne inévitablement des conséquences judiciaires ».