Le drame a suscité l’émoi et l’indignation un peu partout à La Réunion. Samedi 30 septembre vers 20h45, plusieurs véhicules circulant sur la quatre-voies entre Saint-Denis et la station balnéaire de Saint-Gilles étaient touchés par des projections de rochers jetés du haut d’un échangeur situé au niveau de la ville du Port (nord-ouest). L’un d’eux, un galet d’un diamètre d’environ 20 cm, allait traverser le pare-brise d’une BMW à bord de laquelle se trouvait un couple en route pour une sortie au restaurant.
La passagère, une jeune femme de 25 ans mère d’un enfant de deux ans, était heurtée en plein visage. Souffrant de multiples fractures du crâne et d’un hématome cérébral, elle devait décéder mardi soir à l’hôpital.
Une enquête était ouverte et confiée au groupe Crim du STPJ. De nombreuses constatations techniques étaient effectuées sur place et dans les véhicules et un appel à témoins était lancé. Les policiers faisaient le rapprochement avec d’autres projections survenues au même endroit les 23 et 27 septembre et ayant occasionné « des dégradations, des chocs psychologiques, des blessures légères », selon le parquet de Saint-Denis. Des faits survenus un samedi et un mercredi, des jours sans école.
Un chariot de courses chargé de grosses pierres
Car, très vite, les policiers penchent pour la thèse d’un « jeu » commis par des auteurs mineurs. Ils récoltent des témoignages en ce sens, faisant état de « jeunes adolescents » circulant dans le quartier avec un chariot de courses chargé de grosses pierres. Chariot lui aussi jeté par-dessus bord le soir du 30 septembre.
Exploitant les images de vidéosurveillance du secteur ainsi que les auditions des victimes et de différents témoins, les policiers finissaient par identifier cinq suspects. Des adolescents âgés de 14 à 15 ans, interpellés ce mercredi au matin au domicile de leurs parents, dans les communes voisines du Port et de La Possession.
Placés en garde à vue pour « assassinat », « tentatives d’assassinat » et « association de malfaiteurs », les mineurs ont vu la mesure prolongée de 24 heures ce mercredi soir. Ils devraient être déférés ce vendredi matin devant la justice, deux pour assassinat, deux pour « abstention d’empêcher un crime », le dernier a été relâché sans poursuite.
« Ils ne semblent pas réaliser la gravité des faits reprochés. »
De source proche du dossier, les suspects, des collégiens en situation d’échec scolaire mais pas connus de la justice, « ne semblent pas réaliser la gravité des faits reprochés. »
« On ne peut pas laisser penser que ces faits ne sont pas gravissimes. Il s’agit de tout sauf un amusement », a déclaré dimanche la procureure de la République de Saint-Denis, Véronique Denizot, alors que la victime principale était encore entre la vie et la mort.
Parmi les sept autres véhicules touchés ce soir-là par des projectiles, soit neuf personnes impliquées, l’une d’elles a été touchée au bras par un galet ayant traversé le pare-brise, ce qui lui a valu cinq jours d’ITT. L’Arajufa, association d’aide aux victimes, a été saisie lundi afin d’évaluer les besoins de ces personnes en termes d’aide juridique ou psychologique.
« C’est avec effroi que j’ai appris le terrible drame », a déclaré dimanche le maire du Port, Olivier Hoarau, apportant « tout (s)on soutien et toute (s)a sympathie aux blessés ainsi qu’à leurs proches. » Et l’élu d’attendre « que les auteurs de ces faits inadmissibles soient rapidement identifiés et sévèrement condamnés. »
