Jean-Marc Reiser a été mis en examen mercredi dans le cadre de la disparition de Françoise Hohmann, en 1987. Il a été inculpé du chef de « séquestration ou détention arbitraire criminelle » à l’issue de sa garde à vue entamée lundi, au cours de laquelle il a régulièrement invoqué « son droit au silence », a annoncé la procureure de la République de Strasbourg dans un communiqué.
Trente-cinq ans après la disparition à Strasbourg d’une vendeuse d’aspirateurs de 23 ans, Jean-Marc Reiser avait été extrait, lundi 24 juillet, de sa cellule de la maison d’arrêt de Strasbourg (Bas-Rhin) et placé en garde à vue. Déjà condamné à la perpétuité pour l’assassinat de Sophie Le Tan, une étudiante, en 2018, il fait toujours figure de suspect numéro un dans l’affaire Hohmann, dont les proches ont longtemps désespéré qu’il ne réponde un jour de ce crime.
Jean-Marc Reiser a été acquitté du meurtre de la vendeuse en 2001, à une époque où le parquet n’avait pas la possibilité de faire appel d’un acquittement. Celui-ci est donc définitif. Mais grâce à l’ingéniosité juridique de Me Thierry Moser, avocat historique de la famille Hohmann, le dossier a pu être rouvert en février 2020, cette fois, pour « séquestration arbitraire criminelle » et « recel de cadavre ». Des faits non prescrits en l’absence de découverte du corps.
Sa compagne relâchée
Sa compagne de l’époque, Joëlle F., avait elle aussi été placée en garde à vue lundi. Elle a été relâchée sans poursuites. En 1987, aux enquêteurs qui l’interrogeait, elle avait dans un premier temps fourni un alibi à son compagnon, assurant avoir passé la nuit avec lui. Elle s’était rétractée quelques années plus tard.
« Il y a suffisamment d’éléments pour que le doute qui lui a bénéficié en 2001 soit largement remis en cause. S’il est déféré c’est qu’on passe du soupçon aux indices », a confié mercredi une source proche du dossier. « Cette garde à vue, ce n’était pas un coup de poker pour essayer de le faire craquer ».
« La famille Hohmann, mes confrères de la partie civile et moi-même sommes très heureux de cette mesure que nous attendions depuis un certain temps déjà », a réagi Me Thierry Moser. « La famille Hohmann se bat avec courage et détermination depuis 1987. Nous souhaitons naturellement la comparution de monsieur Reiser aux assises dans les meilleurs délais. La difficulté a été d’obtenir la mise en examen malgré l’arrêt d’acquittement au bénéfice du doute en 2001, arrêt totalement injustifié de mon point de vue », a ajouté l’avocat.
Jean-Marc Reiser a également été condamné une fois aux assises en 2003 pour viols et agressions sexuelles.