C’est une étude qui ne va pas arranger la réputation des trottinettes électriques. Les accidents dans lesquels elles sont impliquées peuvent causer des traumatismes aussi sévères que ceux impliquant des motos ou des vélos, soulignent vendredi les hôpitaux de Paris (AP-HP) en dévoilant les résultats d’une récente étude.
Les services d’anesthésie-réanimation composant le groupe de recherche Traumabase, de l’hôpital Pitié-Salpêtrière AP-HP, de Sorbonne Université et de l’Inserm, ont étudié la gravité des blessures à la suite des accidents de la route avec des engins de déplacement personnel motorisé (EDPM), notamment les trottinettes (mais aussi les mono-roues électriques, gyropodes…). Leurs résultats ont été publiés le 30 juin dans la revue Réseau JAMA ouvert.
Tous les patients admis dans un des 26 centres de traumatologie participant à l’étude à la suite d’un accident de la route impliquant un EDPMun vélo ou une moto entre le 1er janvier 2019 et le 20 décembre 2022 ont été inclus, représentant 5 233 patients d’un âge médian de 33 ans. L’étude démontre que le nombre de patients pris en charge après un accident de la voie publique impliquant l’usage d’un EDPM a été multiplié par 2,8 en quatre ans, soit 229 patients gravement blessés sur cette période.
Un contexte d’alcoolisation dans un tiers des cas
Les conducteurs d’EDPM présentaient un traumatisme sévère dans 45,5 % des cas contre 39,7 % pour les conducteurs de moto et 47,3 % pour les cyclistes. Ils étaient deux fois plus à risque de présenter des traumatismes crâniens, plus graves que ceux des motocyclistes, sans doute car seulement moins de 25 % portaient un casque au moment de l’accident, souligne l’étude. Autre enseignement, les accidents graves impliquant des EDPM sont survenus plus souvent le soir et week-end dans un contexte d’alcoolisation supérieur au seuil légal dans un tiers des cas.
Vidéo. Les trottinettes de la marque e-twow seraient-elles des « cercueils sur roulettes » ?
Ces patients ont eu besoin d’une intervention chirurgicale au cours des 24 premières heures suivant l’accident dans les deux tiers des cas : principalement de la chirurgie réparatrice de fractures des membres mais également de la neurochirurgie. Les trois quarts de ces patients ont été hospitalisés en réanimation. L’hospitalisation était souvent longue (15 jours en moyenne) et 9 % des usagers d’EDPM gravement accidentés sont décédésmajoritairement du fait de traumatismes crâniens graves.
Ainsi, les EDPM sont des moyens de transport qui peuvent être associés à des traumatismes particulièrement sévères, au même titre que les motos ou que les vélos, conclut l’étude, estimant que lors de leur prise en charge médicale, leurs usagers doivent être considérés comme de potentiels traumatisés sévères.