Spectacle de désolation ce mercredi à Mantes-la-Jolie (Yvelines). De la mairie annexe du Val-Fourré, il ne reste rien. La mairie annexe, implantée au cœur de cette cité populaire de 20 000 habitants, a été entièrement incendiée au cours de la nuit.
Un feu qui fait suite à la mort, mardi matin à Nanterre (Hauts-de-Seine), de Nahel, 17 ans, abattu par un policier lors d’un refus d’obtempérer. Des violences urbaines ont ensuite éclaté dans plusieurs quartiers de France.
Au Val-Fourré, la façade vitrée du bâtiment public a fondu, les poutres se sont tordues sous l’effet de la chaleur. De visible, il ne reste que les escaliers d’accès aux bureaux du personnel qui travaillaient encore sur place, la veille. Quelques passants prennent des photos.
Le feu se serait déclaré vers minuit et a fait des dégâts très importants. « Il n’y a pas de blessé, personne n’était présent sur place, souligne la préfecture des Yvelines. Les pompiers sont intervenus jusqu’à 3h30 du matin environ. » Une enquête est en cours pour déterminer l’origine de l’incendie. Selon nos informations, plusieurs dizaines de jeunes sont entrés dans la mairie de quartier et une bouteille de gaz a été utilisée.
La mission locale et une salle de sport touchées
Ce mercredi matin, des enfants franchissement le maigre ruban pour s’approcher des décombres, laissées sans surveillance. Des plus vieux s’énervent, dénonçant la « bêtise » des incendiaires. Pour eux, l’origine criminelle du sinistre est indiscutable, en lien avec le drame de Nanterre.
« C’est complètement débile. Là, une mairie… Ça rend service à tout le monde. » Un autre se désole d’avoir vu pleurer un homme qui attendait de pouvoir récupérer son passeport. Heureusement pour ce dernier, le document a été retrouvé intact dans les décombres.
Le feu a également touché, à des degrés divers, la mission locale toute proche et la salle de sport voisine, qui devait rouvrir ses portes à la rentrée après des années de fermeture. Un peu plus loin, des employés de la ville nettoient quelques rues, jonchées de poubelles brûlées. « Ils ont voulu dresser une barricade de feu autour du quartier pour gêner les policiers », croit savoir Hafid.
On commente. On dénonce. On critique les petites mains qui ont déclenché l’incendie et dont il sera difficile de connaître l’identité : selon une source proche de l’affaire, les vidéos de surveillance sont inexploitables…
Une attaque « d’une violence inouïe et inédite » selon le maire
On s’interroge aussi sur l’intérêt des criminels qui ont ruiné un espace public indispensable au quartier, régulièrement visé ces dernières années au gré des tensions avec les forces de l’ordre. « Ca nuit surtout aux habitants », ajoute un autre père de famille qui préfère rester anonyme.
Le maire (DVD) de Mantes-la-Jolie, Raphaël Cognet, a passé la nuit sur place et y est revenu en fin de matinée pour constater les dégâts « d’une violence inouïe et inédite qui s’est abattue sur le Val-Fourré », a-t-il écrit dans un communiqué. « Ceux qui sont encore une fois pénalisés, ce sont les habitants qui désapprouvent très massivement cet acte mais devront en payer les conséquences puisque la mairie sera sans doute fermée pendant de longs mois. »
Des communes voisines ont également été touchées par les tensions dans la nuit. À Mantes-la-Ville, une école a fait l’objet d’une tentative d’acte de vandalisme tandis qu’à Limay, trois individus de 17 et 18 ans ont été interpellés pour avoir enflammé une poubelle. Ils avaient des pierres en leur possession.
Aux Mureaux, « une cinquantaine de personnes ont participé à des jets de projectiles, indique une source policière. Il y a eu quelques feux de poubelle mais aucun bâtiment n’a été visé ». Ces événements n’ont fait aucun blessé et n’ont pas donné lieu à des interpellations. Trois individus ont été arrêtés à Poissy et à Elancourt. Le premier pour avoir jeté une bouteille de verre sur le commissariat, les deux autres pour avoir tagué des messages insultant la police.
Au total, on dénombrerait une trentaine d’interpellations dans les Hauts-de-Seine (Nanterre, Asnières, Colombes) mais aussi à Roubaix et Colmar.