Vingt personnes ont été interpellées en marge des violences qui ont émaillé une partie de la nuit de mardi à mercredi à Nanterre (Hauts-de-Seine) après la mort de Nahel, 17 ans, tué mardi matin par un tir policier après un refus d’obtempérer. Le policier a été placé en garde à vue.
Les circonstances du drame, qui s’est déroulé mardi matin à 8h15 à hauteur de la place Nelson-Mandela, près de la station de RER Nanterre préfecture, sont encore floues. Des policiers à moto de la Direction de l’ordre public et de la circulation (DOPC) de la préfecture de police de Paris ont sommé le conducteur d’une Mercedes de couleur jaune qui avait été louée de s’arrêter pour un contrôle, après avoir constaté plusieurs infractions au Code de la route. Le garçon aurait d’abord arrêté son véhicule, avant de redémarrer brutalement.
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Selon la version policièreun agent aurait fait feu alors que le jeune automobiliste lui aurait foncé dessus. Dans une vidéo, largement diffusée sur les réseaux sociaux, on voit au contraire que le policier qui a tiré n’était pas positionné devant le véhicule récalcitrant mais au niveau de la portière avant gauche. Sur ces images, on peut voir le fonctionnaire braquer le conducteur avec son arme de service, avant de faire feu à bout portant quand le véhicule redémarre en trombe.
La voiture a fini sa course quelques dizaines de mètres plus loin, encastrée dans un poteau. La victime est décédée peu de temps après avoir été atteinte au thorax.
Fortes tensions à Nanterre et dans plusieurs autres villes
En début de soirée, des tensions ont éclaté entre habitants et forces de l’ordre dans le quartier du Vieux-Pont de Nanterre. De nombreux feux illuminaient les rues de la cité Pablo Picasso, où une voiture a brûlé, selon l’AFP sur place. Les forces de l’ordre tentaient de disperser de petits groupes d’émeutiers avec des gaz lacrymogènes.
Le dernier bilan de la préfecture des Hauts-de-Seine, à 3 heures du matin, fait état de « mouvements sporadiques » dans plusieurs quartiers, ajoutant que des « événements » se poursuivaient, même si leur intensité baissait.
Si la préfecture de police assurait que la situation était « contenue » peu avant minuit, les tensions se sont poursuivies, se propageant dans d’autres communes de la région parisienne. La même source a ainsi fait état « d’incidents très sporadiques » à Asnières, Colombes, Suresnes (Hauts-de-Seine), Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) et Mantes-la-Jolie (Yvelines).
A Nanterre, des fusées d’artifice ont été tirées à proximité de la préfecture. Un incendie s’est déclaré dans une école de musique, sur lequel les pompiers sont rapidement intervenus.
Des feux ont été allumés le long des rails du RER A entre Nanterre et Rueil-Malmaison, plusieurs voitures ont été incendiées, ainsi que des poubelles, et des abribus ont été détruits. Des manifestants ont dressé quelques barricades.
Plusieurs plaintes déposées
Une enquête a été ouverte pour refus d’obtempérer et tentative d’homicide volontaire sur personne dépositaire de l’autorité publique. Une autre enquête, ouverte pour homicide volontaire par personne dépositaire de l’autorité publique, a été confiée à l’IGPN (Inspection générale de la police nationale), la police des polices. Le policier soupçonné du tir mortel, âgé de 38 ans, a été placé en garde à vue pour homicide volontaire.
L’avocat de la famille de la victime, Me Yassine Bouzrou, a annoncé deux plaintes « ces prochains jours ». L’une visera l’auteur du tir pour homicide volontaire et son collègue pour complicité.
Une seconde plainte, pour faux en écriture publique, sera déposée à l’encontre des policiers, « qui ont affirmé que le jeune homme avait tenté de commettre un homicide sur leur personne en tentant de les percuter, ce qui est formellement démenti par le visionnage de la vidéo », a annoncé l’avocat.