Les opposants à la ligne ferroviaire Lyon Turincampés tout l’après-midi de samedi sur une route dans la vallée de Maurienne (Savoie), se sont repliés sur leur camp de base au terme de leur manifestation, et commençaient à le quitter ce dimanche en fin de matinée.
Ce qu’il s’est passé
Samedi, le départ de cette manifestation non déclarée réunissant plus de 4 000 personnes, selon le dernier bilan des organisateurs, plus de 3 000 selon les autorités, s’est fait depuis un terrain prêté par la commune de La Chapelle, hors de la zone d’interdiction préfectorale.
Présent dans le cortège, un groupe d’élus EELV et LFI a essayé de négocier avec les autorités pour « aller un peu plus loin » dans leur parcours, tandis que les manifestants patientaient sous un soleil torride sur une petite route à proximité de Saint-Rémy-de-Maurienne, à une trentaine de kilomètres de la frontière italienne.
C’est alors qu’ « un groupe de radicaux », constitué d’environ 300 personnes, a provoqué des heurts avec les forces de l’ordre après s’être « constitué en black bloc » puis a « tenté de bloquer l’autoroute A43 » qui a été fermée temporairement à cause de leur intrusion, a détaillé le préfet.
Après ce dernier incident, le cortège est progressivement retourné dans le calme vers son camp de base. Dans l’après-midi, des protestataires ont aussi brièvement envahi la voie ferrée et la circulation des trains a été stoppée en début d’après-midi en raison de la situation, selon la SNCF.
« Aucun événement majeur n’a été constaté durant la nuit (de samedi à dimanche) », a indiqué la gendarmerie dimanche matin. Dans la matinée, des journalistes de l’AFP ont constaté que certains repliaient leurs tentes pour quitter le camp de base de La Chapelle, et rentrer chez eux.
Quels moyens déployés par les autorités ?
Quelque 2 000 policiers et gendarmes ont été déployés dans la vallée et le restent ce dimanche. Cinq bus de militants italiens – soit environ 280 passagers – sont restés bloqués à la frontière pendant plusieurs heures avant de faire demi-tour vers leurs villes d’origine, des personnes visées par des interdictions administratives de territoire ayant été « repérées » à bord, a précisé le préfet de Savoie.
Le bilan
« 96 ressortissants étrangers, connus des services, ont été refoulés à la frontière. Plus de 400 objets dangereux ont été saisis lors des contrôles en amont. Soutien aux 12 gendarmes blessés », résume un tweet de Gérald Darmanin. Le préfet de Savoie François Ravier a fait état d’un blessé léger côté manifestants.
Les organisateurs, eux, évoquent une cinquantaine de blessés graves, six hospitalisations dont « deux pronostics fonctionnels engagés » dans leurs rangs pendant le rassemblement à l’appel d’une dizaine de mouvements, dont les Soulèvements de la Terre (SDLT), menacés de dissolution par le ministère de l’Intérieur, et les No-Tav italiens, mobilisés contre un chantier « pharaonique » et « néfaste » pour l’environnement, la biodiversité et les ressources en eau de la vallée. Ce dimanche, une responsable du collectif a affirmé qu’un cameraman de l’organisation, blessé, devait sortir de l’hôpital dans la journée.
« La sécurité des personnes et des biens, qui était notre objectif principal, a été globalement assurée », a déclaré le préfet de Savoie François Ravier au cours d’un point de presse en fin de journée samedi.
La suite
La journée de ce dimanche doit être consacrée à des tables rondes, des colloques, des assemblées. « C’est un temps pour se rassembler, pour débattre, pour envisager la suite », a précisé Pina, porte-parole des Soulèvements de la Terre. Le programme prévoyait aussi une assemblée générale des comités locaux des SDLT.
Une table ronde était sur le point de démarrer en milieu de matinée sous le grand chapiteau installé pour l’occasion et deux groupes d’une quinzaine de personnes sont partis pour des ateliers en forêt, selon un journaliste de l’AFP.
Les réactions
« C’est quand même assez scandaleux, drôle que l’État et le gouvernement décident de s’attaquer à un mouvement, à des militants écologistes, à des paysans, à des syndicats alors qu’aujourd’hui il faudrait vraiment s’attaquer à toutes les industries, à tous ceux qui détruisent le vivant », a souligné Pina, la porte-parole des Soulèvements de la terre, lors des prises de parole, avant le défilé.
« Macron, Darmanin et le préfet provoquent l’affrontement », a tweeté la cheffe parlementaire LFI Mathilde Panot, présente sur place avec plusieurs élus Verts et LFI.
« Aujourd’hui, c’est un moment historique dans cette vallée (…) il y a énormément de monde venu de toute la France, de l’Italie voire même de Suisse », s’est réjoui Philippe Delhomme, ancien élu local qui milite depuis des années au sein de l’association « Vivre et agir en Maurienne (VAM) ».