Michel Pialle entame sa deuxième journée de garde à vue. Interpellé mercredi matin, peu avant 8h30, à son domicile dans le village de Maché (Vendée), le mari de Karine Esquivillon, une mère de famille portée disparue depuis près de trois moisa depuis été transféré dans les locaux de la gendarmerie de La-Roche-sur-Yon pour subir ses premiers interrogatoires. Après une première audition portée sur son parcours professionnel, son état civil et ses antécédents mercredi soir, une audition classique dite de « grande personnalité », le quinquagénaire a passé la nuit en cellule.
Les gendarmes de la section de recherches de Nantes devraient commencer à aborder le fond du dossier, et donc la disparition de sa femme, lors d’une nouvelle audition dans la journée de ce jeudi. La garde à vue de Michel Pialle a été prolongée de 24 heures et devrait s’achever vendredi avant une possible présentation devant les deux juges d’instruction chargés d’une information judiciaire ouverte pour « enlèvement et séquestration » et élargie à des faits de « meurtre » par le parquet.
En parallèle, les enquêteurs exploitent et analysent les différents prélèvements effectués lors de la longue perquisition menée dans la maison des Pialle-Esquivillon et qui s’est étirée de mercredi matin au milieu de l’après-midi. Pour l’heure, Michel Pialle répond aux questions des gendarmes et n’a pas fait usage de son droit au silence. « Il n’est pas surpris [par son placement en garde à vue, NDLR]. C’est une mesure à laquelle il s’attendait puisqu’il est fréquent dans ce type d’affaire que les maris soient soupçonnés. Il s’y attendait et psychologiquement, il y était préparé. (…) Il a décidé de répondre aux questions », a déclaré l’avocat de Michel Pialle, Me Antoine Ory, dans une courte déclaration à BFMTV dans la nuit.
Incohérences et personnalité manipulatrice
Les gendarmes pensent avoir mis au jour un faisceau d’indices qui convergent vers l’implication de Michel Pialle dans la disparition de sa femme. Il est le dernier témoin à avoir vu Karine vivante, mère au foyer de 54 ans, le 27 mars. Le mari évoque, ce jour-là, un départ précipité de son épouse, sans explication aucune, possiblement par besoin de prendre de l’air « dans le sud de la France » car ils étaient séparés mais vivaient sous le même toit. Une version qui rend dubitatifs les gendarmes comme les membres de la famille de Karine pour, qui, elle ne serait jamais partie sans un mot pour ses cinq enfants, et notamment les deux plus jeunes, un fils et une fille de 12 et 14 ans qu’elle a eus avec Michel Pialle. Ce récit comporte par ailleurs plusieurs incohérences relevées par les gendarmes – l’hypothèse qu’elle aurait pris un taxi par exemple, alors qu’aucune trace de course n’a été mise au jour dans le secteur ce jour-là – et des variations au fil des mois selon les interlocuteurs. De surcroît, personne dans l’entourage du couple n’avait connaissance de cette rupture.
Plus accablant encore, l’exploitation du téléphone de Karine, retrouvé abandonné à Marché deux semaines après la disparition, laisse penser que les SMS prétendument envoyés par la mère de famille à ses proches les jours suivants sont l’œuvre d’un usurpateur. Les enquêteurs soupçonnent que Michel Pialle en soit l’auteur puisque l’appareil a toujours été géolocalisé dans le secteur de Maché, près du domicile du couple, et que des photos de la Dune du Pilat envoyées à l’une des filles de Karine, présentées comme un lieu de villégiature de la mère, auraient en fait été extraites de sites Internet.
Par ailleurs, la personnalité manipulatrice et possiblement mythomane de Michel Pialle intéresse aussi les gendarmes. Condamné à plusieurs reprises pour escroqueries, il aurait une forte tendance à l’affabulation selon plusieurs témoignages, dont celui de son ex-femme qui le soupçonne même d’avoir tenté de l’empoisonner il y a 20 ans avec une omelette aux champignons. Le père de famille avait par ailleurs prétendu être un agent de secret de l’État – il est en réalité brocanteur en ligne.