Une plainte collective, notamment pour harcèlementa été déposée mardi au pôle santé publique du parquet de Marseille par trois ex-salariées de Soins complexesun centre de santé holistique près d’Aix-en-Provence qui propose un suivi thérapeutique 100 % à distance, a appris l’AFP.
Ces plaintes pour « harcèlement au travail » et « abus frauduleux de l’état d’ignorance » font suite à une autre plainte collective, portée elle par d’anciens patients de ce centre, pour exercice illégal de la médecine et escroquerie notamment, déposée début juin auprès de ce même parquet.
« Une entreprise de charlatans »
« Complexus Care est une entreprise de charlatans basée sur un système de fraude généralisée et dont le seul but est de faire le maximum de fric possible », a affirmé à l’AFP Jean-Laurent Abbou, l’avocat de ces anciennes salariées.
Fondé en 2021 par Hocine Sekkiou, adepte des médecines non-conventionnelles et connu pour ses vidéos santé sur Instagram, Complexus Care emploie des nutritionnistes et des naturopathes, officiellement en « synergie » avec des médecins en Belgique. Sans jamais avoir rencontré leurs patients, ces derniers prescrivaient de lourds traitements médicamenteux, traitements parfois très controversés.
Or, selon de nombreux témoignages recueillis par l’AFP, le suivi médical proposé était identique ou presque pour tous les patients, quelles que soient leurs pathologies : problèmes de thyroïde, infertilité ou Covid longtemps. Le tout pour un coût exorbitant non couvert par la sécurité sociale.
« Dès que mes clientes ont pris conscience des malversations, elles ont voulu arrêter de rentrer dans le jeu et c’est à partir de ce moment-là que le harcèlement a commencé », a expliqué Me Abbou : « Elles étaient sous emprise psychologique de la part de ce beau parleur ».
« En un an, il y a eu 40 départs tout confondu »
« Notre employeur a agi par état d’ignorance. J’étais une jeune diplômée et on lui a fait confiance. Cela m’a aveuglée et il nous a poussées à faire des choses qu’on n’aurait pas dû faire. Je veux qu’Hocine ne reste pas impuni de ses actes », a confié à l’AFP l’une de ces ex-salariées qui préfère garder l’anonymat. « En un an, il y a eu 40 départs tout confondu dans la société, entre ruptures conventionnelles, licenciements ou démissions », a expliqué une autre plaignante.
Ces plaignantes ont reçu le soutien de la CFDT S3C Provence-Alpes, qui compte se porter partie civile pour ce qu’il considère être des « lanceuses d’alerte ». « Nous souhaitons qu’elles puissent obtenir réparation car elles n’étaient pas à l’aise dans l’exercice de leur métier en étant coincées entre le marteau et l’enclume, entre ce qu’on leur disait de faire et leur propre conscience », a déclaré à l’AFP Jérémy Normand, secrétaire général du S3C Provence-Alpes.
Outre ces deux plaintes collectives, le parquet de Marseille avait déjà été alerté sur ce dossier le 4 mai, via un signalement de l’Agence régionale de santé (ARS) Provence-Alpes-Côte-d’Azur. L’Ordre des médecins a été saisi pour exercice illégal de la médecine. La Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) a précisé à l’AFP avoir effectué un signalement auprès du parquet d’Aix-en-Provence.