Les fusillades se suivent et se ressemblent à Trappes (Yvelines). Quatre hommes âgés de 21 à 27 ans y ont été blessés par balle dans la nuit de jeudi à ce vendredi. Des faits qui interviennent quatre jours après qu’un jeune a été touché par des tirs au niveau du square de la Commune-de-Paris, l’un des sept squares du quartier des Merisiers. Début mai, un autre s’était réfugié chez un proche après avoir été blessé dans des circonstances similaires.
Cette fois, les détonations auraient été entendues vers 0h15 rue des Épices. Les policiers se rendent immédiatement sur place et constatent que tout le monde a quitté les lieux.
Des témoins sortis à leurs fenêtres expliquent que deux hommes encagoulés se sont approchés d’un groupe de quatre jeunes gens qui se trouvaient sur la place du marché. Ils ont ouvert le feu à plusieurs reprises en direction de leurs cibles avant de prendre la fuite sur un scooter. Le duo a été repéré par la brigade anticriminalité et poursuivi un moment avant de parvenir à s’échapper.
« Est-ce qu’on va attendre qu’un enfant soit tué d’une balle perdue ? »
Entre-temps les quatre victimes se sont engouffrées dans une voiture et se sont rendues à l’hôpital de Trappes. Trois d’entre elles, touchées à la cheville, à l’aine et à la cuisse, ont été opérées sur place. La troisième gravement touchée de plusieurs impacts au thorax a été transférée à l’hôpital Georges-Pompidou, à Paris (XVe).
Les enquêteurs de la brigade criminelle de la police judiciaire de Versailles ont été chargés de mener les investigations. Les techniciens de la police scientifique ont ramassé six douilles sur les lieux de la fusillade. La récurrence de ces attaques et de leur mode opératoire – les tireurs sont cagoulés et vêtus de noir – traduit un climat tendu, vraisemblablement lié à une guerre de territoires entre dealers.
« Ça fait trois ans que je n’ai de cesse de répéter encore et toujours la même chose : je demande du bleu dans la rue, s’insurge Ali Rabeh, le maire (Génération. s). Les délinquants savent très bien quand les rues sont désertes de policiers et sur ces terrains plus difficiles qu’ailleurs, il faut casser durablement les réseaux de trafic. Je demande au ministère de l’Intérieur que des moyens conséquents soient mis sur le territoire pour éviter des règlements de comptes et des moyens durables, pas seulement aujourd’hui pour apaiser la situation. Est-ce qu’on va attendre qu’un enfant soit tué d’une balle perdue pour prendre des mesures supplémentaires ? »
En 2017, plusieurs fusillades avaient éclaté entre des squares de la ville. En 2015, ces rivalités avaient coûté la vie au jeune Moussa, 14 ans, abattu par erreur d’une rafale de pistolet-mitrailleur alors qu’il se trouvait devant le square Albert-Camus.
En journée, des habitants peu concernés
Mais si ces règlements de comptes interviennent de nuit, le quartier montre un tout autre visage de jour. Au lendemain de la fusillade, les marchands ambulants ont installé leurs marchandises sur les tréteaux où se côtoient vêtements, chaussures d’été, produits ménagers, maquillage et objets de cuisine. Comme chaque vendredi dans ce quartier de reconquête républicaine. « Je ne savais pas, vous me l’apprenez. En même temps, c’est Trappes », souffle un passant, visiblement peu étonné par les faits de la vieille.
Les commerçants, eux, sont davantage interloqués. Mais n’ont rien décelé des tensions qui seraient liés au trafic de stupéfiants. « On n’a pas remarqué de changement d’ambiance ces derniers temps, ça reste très calme en journée. Enfin, comme aujourd’hui, vous pouvez le voir d’ailleurs », assure d’ailleurs une professionnelle de santé. Trois fusillades en un mois ? « Je n’étais pas du tout au courant », s’étonne même une maman. « Ah bon, ça s’est passé où ? » questionne une autre résidente du quartier. À quelques dizaines de mètres seulement de là où les douilles ont été ramassées.